La vente des billets a connu une pagaille indescriptible devant les guichets du stade 19-Mai 1956 d'Annaba. Faux billets, marché noir, émeutes, blessés et arrestations, tous ces ingrédients sont venus contrarier l'ambiance festive qui anime la Coquette à l'approche du derby maghrébin. Pourtant, les organisateurs du match avaient donné des assurances. Les autorités sont averties. Qu'en sera-t-il le jour du match ? C'est la question que se posent tous les observateurs et tous ceux qui ont assisté, hier, aux débordements qui ont eu lieu lors de la vente des billets de la rencontre Algérie - Maroc prévue pour ce dimanche au stade du 19-Mai-1956 comptant pour la troisième journée des éliminatoires de la CAN-2012. Un derby maghrébin qui déchaîne les passions au point de provoquer une pagaille indescriptible causée par des milliers de supporters venus de tous les coins du pays pour tenter de se procurer le fameux sésame. Certains, se croyant plus malins, ont voulu passer la nuit devant les portes du stade pour être les premiers servis au petit matin, mais c'était sans compter avec des supporters bien décidés à en découdre avec les forces de l'ordre, eux aussi présentes sur les lieux depuis la veille, pour tenter de canaliser la foule et éviter tout dépassement. Mais leurs efforts ont été vains à partir du moment où le nombre de supporters a été plus important que prévu, surtout que des bandes organisées se sont infiltrées et ont menacé avec des couteaux et des sabres d'autres acquéreurs de billets imposant leur diktat pour se servir avant d'écouler leur «marchandise» au marché noir. L'ambiance autour du stade du 19-Mai-1956, dont la direction avait décidé d'ouvrir les 20 guichets de vente à 8h 30, tranchait avec celle qui régnait en ville où la fête avait atteint son paroxysme. Les promesses du directeur du stade, Mohamed Lachichi n'ont pas été tenues puisque des personnes, censées n'avoir que trois billets, se sont retrouvées avec des carnets entiers tout en proposant le sésame à 1 500 DA. L'après-midi, le billet avait atteint les 3 000 DA, certains parlent même de 5 000 DA, au moment où de faux tickets faisaient leur apparition, ce qui a poussé M. Lachichi d'avertir les supporters sur les ondes de la radio : «Les gens doivent faire attention car sur le vrai billet, ce sont les photos de Bougherra et Chamakh qui ont été imprimées et non Yebda et Chamakh», c'est dire la pagaille qui a régné à Annaba décourageant beaucoup de supporters résignés à suivre le match à la télé et éviter ainsi les agressions et autres violences. Bilan de cette journée particulière : une soixantaine de blessés parmi les supporters, dont deux dans un état critique, et les forces de l'ordre, une quinzaine d'arrestations et un renforcement sécuritaire autour du stade où plus de 6 000 policiers ont été postés, surtout que Benchikha avait programmé la troisième séance d'entraînement de ses troupes en début de soirée et toujours à huis clos. La réaction La violence, un «langage» national Qu'ils revendiquent un emploi, un logement décent ou bien un ticket de stade voire exprimer leur joie, les Algériens versent dans la violence. C'est ce qui a été constaté hier au moment où l'OPOW du stade du 19-Mai-1956 a débuté la vente les billets du match Algérie - Maroc devant une foule excitée de supporters venus de tous les coins du pays avec tous un dénominateur commun : l'amour de l'Algérie. C'est d'ailleurs sur ce point précis que Benchikha a tenu à «travailler» ses joueurs avant-hier lorsqu'il les a réunis dans la soirée pour booster leur côté psychologique. Tels des gladiateurs qui seront lancés, dimanche dans l'arène, les camarades d'Hassan Yebda savent déjà ce qui les attend en matière d'ambiance et de soutien populaire, eux qui constatent chaque jour ce qui se passe autour de cette équipe, sur le chemin des entraînements et tous les échos qui leur parviennent depuis la ville. Karim Ziani, le meneur de jeu des Verts, sait ce qui attend l'équipe : «Nous préparons comme il le faut ce match et ce qui importe le plus c'est de prendre à tout prix les trois points car nous n'avons pas le droit de décevoir tout ce peuple qui est derrière nous.» Benchikha a, certes, ce rôle de motiver ses joueurs, mais ce dernier est unanime : «Pour ce genre de confrontation, nous n'avons pas besoin de mots ni de grands discours pour nous défoncer.» Sans se rendre compte, Benchikha a mis le doigt sur une problématique liée au rôle du football dans la cohésion sociale à travers une sélection adulée et des joueurs idolâtrés jusqu'au délire, jusqu'à l'expression violente. Les autorités locales se préparent à toute éventualité le jour du match où l'on annonce une mobilisation de 15 000 éléments des forces de l'ordre entre policiers et gendarmes, quelle que soit l'issue de la rencontre. La composante Benchikha travaille sur le onze à aligner Lors de la séance d'entraînement d'hier soir, l'effectif des Verts était presque au grand complet avec la présence du gardien Mbolhi, de Bougherra, toujours indécis sur sa participation à la rencontre de dimanche, mais aussi Ziani, Yebda et Lacen qui avaient ressenti quelques bobos. Seuls le gardien Zemmamouche et le défenseur Belhadj manquaient à l'appel, le premier était avec son club à Harare pour le match de Ligue des champions africaine contre le Dynamos et suivra certainement le match depuis les tribunes et le second retenu par son club As-Saad de Doha qui a fait valoir le règlement de la FIFA pour priver le joueur de se libérer avant l'heure. Au menu de la séance d'hier, des ateliers spécifiques, des palettes individualisées et une application des schémas tactiques concoctés par le sélectionneur national, Abdelhak Benchikha qui travaille sur le onze qu'il alignera dimanche. D'ailleurs, les contours de l'équipe qui sera alignée, commencent à se dessiner avec la composante suivante : dans les bois Mbolhi, en défense Mehdi Mostefa, Mesbah, Yahia et Medjani, en milieux récupérateurs le duo Lacen-Yebda, à l'orchestration offensive la paire Ziani-Boudebouz et à la pointe de l'attaque Ghezzal et Djebbour semble être la variante privilégiée par le staff technique. Les heures à venir devront confirmer cette option ou bien laisser place à quelques changements. Le rétablissement Bougherra tape dans le ballon Le défenseur algérien Madjid Bougherra, qui souffrait d'une légère blessure, a pris part à la séance d'entraînement des Verts, hier soir à l'annexe du stade du 19-Mai-1956 de Annaba, en prévision du match face au Maroc le 27 mars, comptant pour les qualifications à la Coupe d'Afrique des nations de football CAN-2012. Lors de la troisième séance d'entraînement, à huis clos, de la sélection algérienne, le défenseur des Glasgow Rangers, a effectué de légers exercices, tapant même dans le ballon, ce qui est rassurant en prévision du match de dimanche prochain. Outre les seize joueurs, présents lors des deux premières séances d'entraînement, effectuées lundi et mardi soir, trois nouveaux éléments, arrivés mardi soir, à savoir le gardien Mbolhi, le défenseur Anthar Yahia et l'attaquant Abdelmalek Ziaya, se sont également entraînés avec le groupe. Karim Ziani qui avait passé une IRM mardi soir dans une clinique à Annaba, s'est entraîné normalement. En revanche, Medhi Lacen, le milieu de terrain défensif du Racing Santander (Div 1 espagnole), qui souffrait d'une légère blessure au niveau des adducteurs, s'est contenté d'un entraînement en solo et de tours de piste, sous l'œil du préparateur physique de l'équipe nationale. Le calcul Belhadj : «Même un nul ne serait pas bon pour nous» De retour sur le devant de la scène après plusieurs prestations remarquées en Ligue des Champions asiatique avec son club d'Al-Sadd accompagnées d'une convocation en équipe nationale pour le grand derby du Maghreb dimanche face au Maroc, le défenseur Nadir Belhadj parle de ce rendez-vous. «Ça, c'est un bon match à jouer, un vrai derby. C'est l'affrontement de deux voisins, deux pays frères et pas ennemis. Il n'y a pas d'animosité. Mais c'est sûr que la pression sera sur l'Algérie : on a l'obligation de battre le Maroc si on veut entretenir l'espoir d'une qualification à la Coupe d'Afrique des Nations 2012. Même un nul ne serait pas bon. Il va donc falloir qu'on attaque, qu'on prenne le jeu à notre compte. Mais attention car le Maroc n'attend que ça...» L'optimisme Taarabt : «Nous pouvons être les meilleurs sur le terrain» L'attaquant international marocain Adil Taarabt a estimé que le prochain match Algérie-Maroc est un derby maghrébin qui exigeait une «grande concentration» des joueurs. «Le match de dimanche à Annaba est un derby pour lequel nous devons rester grandement concentrés dès notre arrivée jusqu'au coup de sifflet final de l'arbitre afin d'éviter de commettre des erreurs», a-t-il déclaré dans un entretien au bi-hebdomadaire sportif marocain Al Massa Arriadhi, ajoutant que le Maroc possédait «un groupe complémentaire capable de ramener un résultat positif». «Toutes les conditions ont été réunies pour être au rendez-vous de ce derby maghrébin et pour que l'équipe marocaine soit meilleure», a souligné le joueur du Queens Park Rangers (Angleterre). Après avoir indiqué qu'il respectait beaucoup la sélection nationale algérienne dont il connaît des joueurs évoluant dans les championnats européens, le jeune joueur (21 ans) qui a été désigné meilleur joueur de l'année en (D2 anglaise) a néanmoins estimé que le Maroc avait assez d'atouts pour être le meilleur sur le terrain et remporter le match pour peu que les joueurs restent concentrés et évitent la pression.