Enlisement La vague de violences s'amplifie à l'approche du transfert du pouvoir à un gouvernement intérimaire en Irak. Elle a fait dix tués hier dimanche, dont un Britannique et un Canadien, alors qu'une ministre a échappé à un attentat. Ces violences ont touché Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak, où cohabitent différentes ethnies et communautés religieuses et où les services de sécurité avouent leur impuissance à identifier leurs auteurs et commanditaires. La seule femme ministre du gouvernement transitoire irakien, la Kurde Nesrine al-Barawri, a échappé à un attentat qui a visé son convoi près de Mossoul. Trois de ses gardes du corps ont été tués, selon le commandant de police Raghid Younès Abdallah. L'attentat visant Mme Al-Barawri, 37 ans, ministre des Travaux publics, s'est produit le jour même où se tenait à Bagdad une cérémonie marquant la remise aux Irakiens du premier des 25 ministères dans le cadre du transfert de la souveraineté de la coalition à l'Exécutif irakien qui doit s'achever le 30 juin. Les deux Occidentaux tués, des gardes de sécurité, sont tombés dans une embuscade, selon un porte-parole de la coalition et des diplomates. Ils faisaient partie d'un convoi de deux véhicules qui se rendaient à une centrale électrique. Trois ingénieurs britanniques, qui se trouvaient dans le premier véhicule, ont échappé aux tirs, alors que le second a été touché. Par ailleurs, quatre Irakiens armés, qui avaient attaqué un véhicule de la police militaire américaine, ont été tués dans le nord de Mossoul et un cinquième assaillant a trouvé la mort après avoir lancé une grenade en face du bâtiment du gouvernorat, blessant un policier et un civil. A Bagdad, plusieurs centaines de manifestants ont protesté contre la fermeture par la coalition du journal du chef radical chiite irakien Moqtada Sadr, accusé d'«incitation à la violence». Les manifestants ont organisé un sit-in devant le bâtiment du quotidien Al-Hawza al-Natiqa, sur la place Al-Hourriyah, dans le sud de Bagdad, pour dénoncer l'ordre de la coalition contre le journal de Moqtada Sadr. Les protestataires arboraient des drapeaux irakiens et islamiques en scandant sans cesse : «Non, non l'Amérique», en arabe et parfois en anglais. «Pas de justice, pas de paix, non à l'occupation», ont-ils lancé alors que deux hélicoptères américains survolaient les lieux. Sur un autre plan, l'Exécutif irakien a regretté la décision de la Tunisie de reporter le sommet arabe au moment où le Proche-Orient traverse une période «délicate et dangereuse». Selon un membre de l?Exécutif, Mouaffak Al-Roubï, les autorités intérimaires irakiennes plaçaient de grands espoirs dans ce sommet où elles ont dépêché «une délégation de haut rang pour informer les leaders arabes des détails du processus politique en Irak, notamment les élections et le transfert du pouvoir» de la coalition aux Irakiens.