Ben Ali et son entourage ont à répondre de plus de 90 chefs d'accusation. L'ancien président sera jugé par contumace, l'Arabie saoudite n'ayant pas répondu jusqu'à présent à la demande d'extradition formulée par les autorités tunisiennes. Des voix commencent à s'élever pour dénoncer une grande manipulation. Le procès par contumace de l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite, commencera le 20 juin, a annoncé hier soir le Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi. «Je l'annonce pour la première fois, le procès commencera le 20 juin», a déclaré M. Essebsi dans une interview à la chaîne qatariote Al-Jazira. M. Ben Ali et son entourage auront à répondre de plus de 90 chefs d'accusation, a précisé le chef du gouvernement tunisien. Il a aussi indiqué que Tunis n'avait jamais reçu de réponse des autorités saoudiennes à sa demande de lui remettre l'ancien président. Cependant, des voix se sont élevées pour dénoncer un «effet d'annonce pour manipuler l'opinion». «Ce sont des crimes très graves qu'il a commis. Comment peut-on le juger s'il n'est pas là», ont affirmé des personnalités tunisiennes, ce matin. Après 23 ans de pouvoir sans partage, Zine El Abidine Ben Ali avait fui la Tunisie le 14 janvier pour l'Arabie Saoudite, sous la pression d'un puissant soulèvement populaire. M. Ben Ali était sorti de son silence pour la première fois le 6 juin dernier, qualifiant de «mascarade», par l'intermédiaire de son avocat français Jean-Yves Le Borgne, le procès instruit à son encontre à Tunis et les perquisitions menées dans ses bureaux. C'est la première fois qu'il s'exprimait, même indirectement, depuis qu'il avait dû fuir la Tunisie pour l'Arabie Saoudite. M. Ben Ali affirmait également, par le biais de son conseil parisien, «qu'il ne possède ni biens immobiliers ni avoirs bancaires en France, non plus que dans un autre pays étranger». Le ministère tunisien de la Justice avait annoncé, quelques jours plus tôt, que le président déchu et son épouse Leïla Trabelsi seraient jugés par contumace «dans les jours ou les semaines à venir pour deux premières affaires». Un premier dossier porte sur «la découverte d'armes et de drogues dans le palais présidentiel de Carthage», le deuxième sur 27 millions de dollars en liquide découverts en février par la commission tunisienne anticorruption dans un palais de Ben Ali à Sidi Bou Saïd dans la banlieue nord de Tunis.