Réalité n Les entreprises privées exerçant dans le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH) vivent actuellement une situation des plus difficiles. Elles affrontent, en effet, des difficultés énormes sur le plan financier et croulent sous les dettes. Et bien qu'elles soient à l'arrêt depuis plus d'une année, elles continuent à payer leurs employés dans l'objectif de préserver leurs effectifs, en attendant que l'Etat leur confie la réalisation de nouveaux projets. «Les entreprises privées du BTPH sont dans la tourmente. Depuis l'achèvement du plan quinquennal 2004-2009, elles sont à l'arrêt. Le projet de réalisation de deux millions de logements pour le quinquennat 2010-2014 n'a pas encore démarré. Ces entreprises n'ont pas de plans de charge», a déploré ce matin Abdelmadjid Dennouni, président de l'Union générale des entrepreneurs algériens (UGEA), sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale. «Ces entreprises ont beaucoup de charges fiscales et parafiscales. Après avoir payé leurs employés, ils se retrouvent dans un goulot d'étranglement qui ne leur permet pas de survivre, surtout si la situation perdure», a-t-il regretté. Une grande majorité des entreprises du BTPH risquent, a-t-il ajouté, d'être asphyxiées et de disparaître à court terme, si les programmes de développement ne démarrent pas dans les meilleurs délais. Les dettes de ces entreprises accumulées ces trois dernières années sont évaluées à plus de 100 milliards de dinars, a-t-il estimé. «Il y a 50 000 entreprises du BTPH qui ont un réservoir de main-d'œuvre, qui dépasse les 800 000 emplois, dont au moins 200 000 qualifiés (chauffeurs, coffreurs, maçons)», a précisé l'invité de la radio nationale. Le président de l'UGEA dénonce l'attitude des pouvoirs publics qui privilégient les entreprises publiques. «Les entreprises publiques bénéficient d'une manne financière qui dépasse les 74 milliards de dollars pour garder un nombre de salariés qui ne dépasse pas les 45 000. De 1986 à nos jours, l'assainissement financier des entreprises publiques est de l'ordre de 180 milliards de dollars pour maintenir 200 000 emplois. Le secteur privé ne bénéficie pratiquement d'aucune aide de l'Etat», a-t-il dénoncé. Les appels d'offres lancés pour la réalisation de grands projets structurants imposent des conditions impossibles à satisfaire par les entreprises privées, a-t-il ajouté, ce qui donne l'occasion aux entreprises étrangères de prendre le marché. «Pour la réalisation d'un port, il est exigé que l'entreprise candidate doit avoir réalisé au moins deux ports, alors que très peu de ports ont été réalisés depuis l'indépendance et ce, dans le cadre du partenariat. Aucune entreprise algérienne ne peut donc postuler pour avoir ce projet !», a-t-il cité en exemple. Le seul projet structurant dont ont bénéficié les entreprises privées est celui de l'autoroute des Hauts-Plateaux, confié au groupement des entrepreneurs de l'Ouest, a souligné M. Dennouni. La loi sur la promotion immobilière qui attend toujours le décret d'application est aussi dénoncée par le président de l'UGEA. «Pour lancer la demande au niveau du LPA (logement promotionnel aidé), le ministère confie actuellement directement la réalisation aux entreprises publiques. C'est aberrant ! Il faut mettre les entreprises publiques et privées sur le même pied d'égalité», a-t-il encore dénoncé.