Paradoxe n Le grand argentier du pays inaugure la traditionnelle audition-bilan des membres du gouvernement par le président de la République. Une audition qui est loin d'être fortuite puisque le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a convoqué son gouvernement pour débattre, vendredi prochain, de l'avant-projet de la loi de finances pour 2012. Karim Djoudi, ministre des Finances, a fourni, au chef de l'Etat, des chiffres sur l'état de santé financière et économique du pays. Et ce, au moment où le pays vit un climat social des plus chauds et tendus marqué par la mobilisation sans précédent du front social à travers des grèves et des protestations cycliques qui touchent pratiquement tous les secteurs pour dénoncer l'érosion continue du pouvoir d'achat de l'algérien. A l'heure où le pays repose sur une assise financière confortable qui a atteint plus de 173 milliards de dollars de réserves de change, une croissance de 6% en 2010 et un programme quinquennal d'investissements publics de 280 milliards de dollars, le citoyen algérien peine à traduire ces chiffres. Il ressort de ce bilan-chiffré que le pays enregistre une croissance hors hydrocarbures de 6% en 2010, mais qui est en net recul par rapport à l'année 2009 quand celle-ci s'est établie à 9,3%, un résultat «marqué par une croissance de plus de 20% du secteur agricole alors que l'inflation avait atteint 3,9% contre 5,7% en 2009», note le communiqué de la présidence de la République. Selon toujours le bilan de notre argentier national, les crédits à moyen et long termes, qui constituent plus de 60% des crédits à l'économie, tirent leur courbe vers le haut en s'établissant en 2010 à plus de 3 260 milliards de dinars contre 3 086 milliards de dinars en 2009. Soit «une hausse nominale de 6% corrigée par l'effet de l'assainissement financier», précise M. Djoudi. Ainsi, la croissance effective de ces crédits est de 16% pour l'année 2010. Même constat concernant les crédits bancaires accordés aux PME qui ont atteint 830 milliards de dinars pour la même année contre 643 milliards en 2009, une évolution de 29%. Le chapitre de la dette extérieure, à moyen et à long termes, s'est situé à 3,68 milliards de dollars en 2010 contre 3,92 milliards de dollars en 2009. En attendant les appréciations des experts des questions financières et ceux qui ont un regard sur l'économie nationale, le gouvernement semble se dire à travers ces chiffres, que tout va bien. M. Abdelaziz Bouteflika «Pour une plus grande dynamisation du marché financier» Le Président de la République, intervenant à l'issue des débats suite à l'audition du ministre des Finances, a souligné « la nécessité d'un suivi rigoureux de la mise en œuvre de la politique nationale en matière financière, de manière à assurer un financement approprié de l'ensemble des actions inscrites dans le programme quinquennal 2010-2014 ». Et ce avant d'interpeller le gouvernement « pour une plus grande dynamisation du marché financier, la mobilisation de l'épargne et la diversification des sources de financement de l'entreprise économique ». Le Président de la République a appelé également le Gouvernement à « renforcer le dialogue économique avec les partenaires économiques et sociaux et de promouvoir l'évaluation des politiques publiques pour ajuster constamment la démarche aux objectifs retenus et gagner ainsi en efficience et en efficacité ».