Résumé de la 85e partie n Hastings, en se rendant chez le Dr Bauerstein, apprend que la police est venue l'arrêter... A mon cœur défendant, la pensée de Mary Cavendish pesait lourdement sur moi. Ne serait-ce pas une chose terrible pour elle ? Pour le moment, j'écartais d'elle tout soupçon. Elle ne pouvait être impliquée, sans quoi, nous en aurions été déjà avertis. Bien entendu, il n'y avait pas moyen de lui cacher longtemps l'arrestation du docteur Bauerstein que publieraient sans doute tous les journaux du lendemain. Pourtant, je reculai devant l'idée de l'annoncer à mes amis. Si seulement Poirot avait été accessible, je lui aurais demandé son avis. Qu'est-ce qui avait bien pu le décider à partir ainsi pour Londres au pied levé ? Malgré moi, mon opinion de sa sagacité se trouva considérablement accrue. Je n'eusse jamais soupçonné le docteur, si Poirot ne me l'avait suggéré ! Oui décidément, le petit homme était très fort Après quelques instants de réflexion, je décidai de mettre John dans la confidence et de le laisser libre de choisir s'il fallait ébruiter la nouvelle ou non. Il fit entendre un long sifflement lorsque je la lui communiquai. — Alors, vous aviez raison ! Je ne pouvais y croire sur le moment. — En effet, cela paraît d'abord surprenant, puis on s'habitue à l'idée, et alors on constate que tout s'enchaîne bien. Mais qu'allons-nous faire ? Demain, tout le monde le saura. John réfléchit. — Tant pis, dit-il enfin. Nous nous tairons pour l'instant. Comme vous le dites, on le saura bien assez tôt. Mais le lendemain matin, à mon profond étonnement, lorsque j'ouvris les journaux, je n'y trouvai pas un mot sur l'arrestation de Bauerstein. Il y avait une colonne sur l'empoisonnement de Styles, mais rien d'autre. C'était assez inexplicable, mais je présumai que Japp voulait éviter d'ébruiter l'affaire pour une raison quelconque. J'en fus assez troublé, car cela suggérait la possibilité d'une arrestation future. Après déjeuner, je décidai de descendre au village, m'assurer que Poirot n'était pas revenu. Mais au moment de partir, je vis son visage s'encadrer dans une des fenêtres, et j'entendis sa voix me dire : — Bonjour, mon ami. — Poirot ! m'écriai-je avec un soulagement extrême. Et le saisissant par les deux mains, je l'attirai dans la pièce. — Je n'ai jamais été aussi heureux de vous voir. Ecoutez ! Je n'en ai soufflé mot à personne, sauf à John ! Ai-je bien fait ? — Mon ami, répondit Poirot, je ne sais absolument pas de quoi vous voulez parler ! — Mais de l'arrestation du docteur Bauerstein, dis-je impatiemment. — Bauerstein est arrêté ? — Ne le saviez-vous pas ? — Pas le moins du monde. Après un instant de silence, il reprit : — Mais cela ne me surprend pas. Car, après tout, nous ne sommes qu'à six kilomètres de la côte. — La côte ? répétai-je, intrigué. La côte n'a rien à voir dans l'affaire. Poirot haussa les épaules. — C'est pourtant assez clair, voyons ! — Pas pour moi. Sans doute, suis-je tout à fait obtus, mais je ne puis saisir le rapport entre la proximité de la côte de l'assassinat de Mrs Inglethorp. (A suivre...)