Réalité n Les professionnels du secteur n'y vont pas avec le dos de la cuillère pour expliquer que les ruptures de stocks en médicaments risquent de durer. Le président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop), le Dr Mellah, estime que cette réalité, qui malheureusement est cyclique, est le résultat de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment la nature de l'organisation du marché du médicament dans notre pays. En effet, pour ce qui est de l'importation du médicament. «Il est reconnu dans le monde que le premier responsable de la qualité et de la disponibilité d'un produit sur un marché est le titulaire de la décision de l'enregistrement dans le pays, qui est donc le responsable pharmaceutique du produit», a expliqué ce professionnel. Selon lui, dans les pays développés, le titulaire de la décision d'enregistrement est unique et il est basé dans le pays. Mais «en Algérie, notre réglementation permet à une société étrangère d'obtenir une décision d'enregistrement sans avoir de présence locale en confiant ensuite l'importation du produit à plusieurs importateurs. Ces derniers étant concurrents entre eux, l'information ne circule pas, et il suffit que l'un d'eux soit défaillant dans ses approvisionnements pour que le marché entier soit perturbé», détaille le Dr Mellah. Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (Snapo), par la voix de son président, Messaoud Belambri, a confirmé récemment l'existence de la pénurie flagrante de plus de 230 médicaments, dont 170 destinés à la consommation quotidienne particulièrement aux malades chroniques. Une situation qui touche les milliers de pharmacies, 8 400 exactement, au niveau national et même les pharmacies des hôpitaux. Le Snapo ne mâche pas ses mots et ne va pas par trente-six chemins pour expliquer cette pénurie qui existe bel et bien. Il a publiquement invité les pouvoirs publics à maintenir la décision relative à la distribution des médicaments par les producteurs sans aucun intermédiaire, car les lobbies font pression afin d'annuler cette note. «L'annulation de cette mesure va contribuer à encore plus d'anarchie et de pertes dans le marché du médicament», a-t-il averti. Le syndicat affirme aussi que la crise touchant le domaine du médicament est fabriquée et, par la voix de son vice-président, Fayçal Abed, il déclare que des producteurs privés, des importateurs et des distributeurs auraient «un rôle dangereux dans cette pénurie». Il révèle, par ailleurs, que certains d'entre eux exportent illégalement via les frontières vers les pays voisins. «Nous avons découvert des médicaments qui se vendent dans la ville marocaine de Oujda, en Tunisie et en Libye et qui ont été importés d'Algérie.» Ce qui démontre la gravité de la situation qui touche de plein fouet le marché du médicament.