On les retrouve aux abords et dans les marchés avec leurs charrettes à deux roues. Leur tâche consiste à transporter la marchandise d'un hall à un autre ou vers votre camionnette si vous achetez loin du lieu de stationnement du véhicule, pour 10 ou 15 DA le cageot. En un seul chargement, la charrette peut transporter jusqu'à 10 cageots. Les charretiers sont présents depuis l'ouverture du marché jusqu'à 1h du matin parfois jusqu'à 15h, où même plus tard. Ce sont des jeunes, des moins jeunes et parfois même des vieux qui exercent ce métier ô combien pénible ! Pousser une charrette de 10 cageots de pommes de terre n'est pas chose aisée. «C'est très lourd, très dur et très pénible», nous dit Samir, un jeune de 20 ans, tout en essuyant la sueur de son front. De son visage, une grande fatigue se dégage et ses yeux sont rougis par le manque de sommeil. «Que voulez-vous que je fasse ? J'ai arrêté mes études au primaire. Je n'ai aucun diplôme. Mon père arrive à peine à subvenir aux besoins de notre famille. Je suis dans l'obligation de travailler dur pour arriver à manger et m'acheter des vêtements.» A ses côtés, Kamel, la quarantaine, lui, est plus épuisé que Samir. «Si je m'allonge par terre et je compte jusqu'à trois, je serai déjà dans un sommeil profond. Je suis hyperfatigué, surtout avec le ramadan, je te dis pas...», nous dit-il. Epuisé, il arrive à peine à esquisser un semblant de sourire. «Vous savez, c'est très dur le travail de charretier. Même avec les roues, c'est très pénible de les pousser. C'est très très lourd. Trop lourd», insiste encore Kamel. Pour une seule journée de travail, d'environ 16 heures, Kamel engrange une recette de près de 2 000 DA aux maximum. «2 000 DA ? Vous rêvez. C'est rare qu'on atteigne cette somme», rétorque Samir (...) Vu le pénible travail qu'on fait, ça mérite les 2 000 DA par voyage», ironise-t-il, faisant rire l'assistance. Et à Kamel de reprendre sur un ton plus que sérieux : «Non, mon ami ! C'est vrai, nous méritons plus que ça. C'est pénible ce qu'on fait.» Un passant, qui a assisté au débat, dira à son ami : «Tu vois combien il est pénible d'être pauvre en Algérie ?». Pertinente remarque. K. B.