Détermination La coalition est décidée à «capturer ou tuer les terroristes». Le Japon et la Corée, deux grands alliés des Américains, sont particulièrement concernés. Les rebelles irakiens ont peut-être trouvé l'arme la plus efficace pour dissuader les alliés des États-Unis. En l'espace de trois jours, 21 civils ont été pris en otages en Irak : 8 Sud-Coréens, 4 Italiens, 3 Japonais, 2 Américains, 2 Palestiniens, 1 Canadien et 1 Britannique. Et même si certains ? comme les 8 pasteurs sud-coréens ? ont été libérés, la Corée du Sud n'a pas été imperméable à cet événement : 2 autres Coréens avaient été enlevés en début de semaine. Dans les années 1980, la prise d'otages était une pratique dans laquelle de nombreux pays se sont alternativement impliqués, l'Iran et la Syrie notamment. Au Liban, une soixantaine d'Occidentaux ont été détenus entre 1982 et 1992. Parmi eux, des Américains, des Britanniques, des Français et autres, de professions diverses : diplomates, enseignants, journalistes. Ils faisaient office de monnaie d'échange très précieuse pour ces organisations clandestines. Dans la majorité des cas, les gouvernements avaient été poussés à négocier avec les ravisseurs pour libérer leurs ressortissants. Aujourd'hui, les populations des pays alliés de Washington et visés par des enlèvements peuvent juger le coût de ces vies humaines bien trop élevé, pour la défense d'une cause irakienne assez éloignée de leurs propres intérêts. Le groupe irakien «les Brigades des moudjahidine», auteurs de l'enlèvement des Japonais, ont rédigé un communiqué aussi habile que cruel, qui accompagnait le document filmé et adressé au «peuple japonais ami» : «Trois de vos enfants sont tombés entre nos mains et vous avez le choix : vous retirez vos troupes ou nous les brûlerons vifs.» Le Premier ministre japonais Koizumi, qui avait mis longtemps pour convaincre ses concitoyens de participer aux opérations en Irak, n'a guère de bonnes solutions : négocier sous d'autres termes la libération des otages, tenter de les faire libérer par la force, ou céder aux termes des ravisseurs et quitter l'Irak. Il s'est déclaré décidé à ne pas choisir la dernière option. La situation est évidemment périlleuse pour les Américains. S'ils ne parviennent pas à reprendre le contrôle de la situation, les prises d'otages risquent de se multiplier. Et pourraient viser les soldats, si les civils en étaient venus à fuir l'Irak. En Sierra Leone, des dizaines de soldats de l'ONU avaient été pris en otages. Et des Casques bleus ? Français notamment ? avaient connu le même sort en Bosnie. Une cascade d'enlèvements pourrait aussi finir par inciter les dirigeants politiques de certains pays, alliés aux États-Unis, sous la pression de leur opinion, à se retirer. Ce qui ne manquerait pas d'affaiblir la coalition et d'éroder le soutien du peuple américain pour George W. Bush, en pleine campagne électorale.