Interrogation - Durera, durera pas ? C'est là toute la problématique d'une crise de logement qui perdure. Les prix des logements sont-ils pour autant en train de baisser ? «Le mouvement est récent mais net : la hausse est stoppée», estime un courtier à Kouba. «On n'a jamais vu un marché monter, sur une longue période de plus de 30% par an», affirme ce spécialiste de l'immobilier. «Il fallait bien que l'équilibre s'établisse entre les prix et les possibilités des ménages», explique-t-il encore. En «zoomant» davantage, on décèle de moins en moins de catégories de candidats acheteurs ou d'investisseurs. Il y a, bien sûr, tous ceux qui ne peuvent plus «jouer». Il y a dix ans, l'achat d'un appartement de taille modeste ou moyenne était, même à Alger-Centre, à la portée de nombreuses bourses. Aujourd'hui, les prix ont tellement grimpé que pour bénéficier d'un crédit, il faut disposer déjà d'un compte en banque bien rempli. Bien des candidats, pourtant aisés et économes n'ont pourtant pas cette chance. Ils sont tout simplement évincés du marché et vivent dans l'espoir de bénéficier d'un coup de pouce pour figurer sur une éventuelle liste d'attribution établie par les APC. De ce côté, les chances sont également très minimes devant les conditions draconiennes dictées par l'administration. Un autre phénomène : la loi des spéculateurs. «Nombre de spéculateurs ont envahi l'immobilier, alors que les DEC faisaient, dans le commerce des arrêtés d'attribution, où il suffisait de verser une modique somme pour se faire attribuer un logement, voire des dizaines d'appartements», dénonce le gérant d'une agence immobilière à Bab-Ezzouar. Il révèle que plusieurs DEC de l'époque et même certains P/APC lui auraient fait des avances pour écouler des appartements censés revenir à des citoyens dans le besoin. Il dit être resté «vacciné» contre ce trafic. Mais il y a plus grave encore selon notre interlocuteur : «Il existe une formidable hémorragie de logements locatifs.» Il ajoute en connaissance de cause qu'«annuellement, près de 60 000 logements sociaux sont rétrocédés contre rétribution ou loués à des particuliers par leurs bénéficiaires. D'autres ont été transformés en locaux commerciaux et en bureaux». Le mouvement s'accélère, puisque le même constat s'est vérifié au niveau de la quasi-totalité des communes d'Alger. Et vogue la galère, pour les gens dans le besoin, ceux qui déposent des dossiers auprès des communes et attendent des années, l'attribution d'un toit. Il s'agit, pour reprendre l'expression d'un ex-élu de la commune de Gué de Constantine, «de dindons de la farce».