Inspiration - Samaïl Metmati s'inspire dans son travail d'écrits de célèbres poètes algériens amazighophone, à l'exemple de Si M'hand U M'hand. Les lettres de l'alphabet amazaigh, à savoir le tifinagh, sont à l'honneur au palais de la culture Moufdi-Zakaria d'Alger et ce, à travers une exposition du plasticien Smaïl Metmati – l'exposition se poursuivra jusqu'au 24 mars. L'artiste a su donner à ces caractères millénaires relevant du patrimoine amzaigh aussi bien une plasticité qu'une portée poétique – le tracé des motifs est relevé, soigneusement dirigé, convenablement disposé. L'artiste a réussi à faire des lettres du tifinagh, reconnaissables à leurs formes géométriques, «des calligraphies originales même si la technique n'a pas été modifiée». Cette performance belle et originale est en effet visible dans l'art de la calligraphie. Une centaine de tableaux sont accrochés sur les cimaises de l'espace d'exposition, Baya ; des tableaux qui, suscitant l'intérêt ou la curiosité chez les visiteurs, se distinguent tous par des couleurs chaudes typiques du Grand Sud algérien. Ces tableaux – tous représentent des compositions symbolisant des caractères berbères couleur ocre et dérivés, isolées ou composées en phrases, sur fond jaune et donnant une impression de mouvement – ont transformé la galerie en un musée à ciel ouvert. Le travail de Smaïl Metmati est mené avec soin, minutie, et beaucoup de passion ou de sensibilité, autant d'imagination que de réflexion sur l'apport du patrimoine dans la création artistique. Force est de constater que d'un tableau à l'autre, le visiteur est interpellé par la manière dont tous ces tableaux sont composés. Effectivement, les œuvres tendent à se répéter. Toutes donnent cette impression de répétition ou de ressemblance, mais elles sont quelque part différentes et ce, dans le style, donc le geste, à savoir la façon dont chacune est exécuté. Samaïl Metmati, diplômé de l'école supérieure des Beaux-arts d'Alger, spécialiste en calligraphie arabe et autres styles de peinture, miniatures et décoration sur bois, s'inspire dans son travail, donc pour les besoins de ses créations, d'écrits de célèbres poètes algériens amazighophone, à l'instar du troubadour Si M'hand U M'hand. Par ailleurs, nous pouvons remarquer qu'à travers ces compositions artistiques l'intérêt et passion qu'a Smaïl Metmati pour le patrimoine culturel amazigh. «J'aime le patrimoine en général et j'ai, en particulier, un intérêt pour ce qui est de la culture amazighe», nous dit-il, et d'ajouter : «Tout mon travail s'articule autour de ce patrimoine. Il s'agit d'un travail de recherche.» En effet, les œuvres conçues par Smaïl Metmati résultent d'un long travail de recherche depuis les années 1980 car, pour lui, «le tifinagh est une écriture comme toutes les autres». Cet artiste utilise le «qalam», c'est-à-dire cette plume traditionnelle taillée dans le roseau en vue de garder toute son authenticité à l'art de la calligraphie, sans pour autant s'empêcher de recourir à d'autres matériaux comme la peinture à l'huile, l'acrylique, la terre, l'argile ou encore l'enduit dans un souci d'innovation. «Mon but est de donner une touche contemporaine à l'œuvre, un caractère innovant au tifinagh», tient-il à souligner.