Résumé de la 74e partie - Restarick éprouvait une sorte de soulagement à raconter son histoire à un auditeur sympathique… Une autre pensée traversa l'esprit du détective. Pourquoi Andrew Restarick avait-il retiré le tableau de sa place primitive ? Les deux portraits, celui de sa femme et le sien, avaient été exécutés à la même époque, il aurait donc été plus naturel de les conserver ensemble. Andrew Restarick aurait-il mis le sien dans son bureau par vanité... par désir de s'afficher en tant qu'homme d'affaires important ? Ou aurait-il agi afin de conserver sous ses yeux sa personnalité reconnue de financier de la cité ? En un mot, éprouverait-il le besoin de se sentir sûr de lui-même ? Il se peut, convint Poirot, que ce ne soit que pure vanité de sa part. Moi-même, admit-il dans un élan de modestie inhabituel, je suis capable de vanité, à certaines occasions. Le court silence que les deux hommes ne semblaient pas remarquer, fut rompu par Restarick déclarant d'un ton confus : — II faut me pardonner, monsieur Poirot, j'ai dû vous ennuyer à vous conter l'histoire de ma vie. — Ne vous excusez pas, Mr Restarick. Vous ne m'avez parlé de votre existence que dans la mesure où elle pouvait éclairer celle de votre fille. Vous êtes très tourmenté ! son sujet. Mais je ne crois pas que vous m'ayez exposé la vraie raison de votre tourment. Vous voulez que votre fille soit retrouvée ? — Le plus vite possible. — Bien... et vous voulez que ce soit moi qui la retrouve ? N'hésitez pas, Monsieur. La politesse peut être très nécessaire dans bien des cas, mais ici, elle est superflue. Ecoutez, je vous donne le conseil, moi, Hercule Poirot, de vous adresser à la police. Je puis vous assurer qu'elle aussi sait agir avec discrétion. — Je ne m'adresserai pas à la police, à moins... eh bien, à moins que ce ne soit absolument nécessaire. — Vous préférez donc avoir affaire à un détective ? — Oui, bien que je ne sache si je puis faire confiance au premier venu. — Et que savez-vous de moi ? — Ma foi, je n'ignore pas que vous occupiez un poste important dans le Service Secret durant la guerre, puisque mon oncle chante vos louanges. C'est là un fait certain. L'expression légèrement ironique qui passa sur le visage de Poirot, échappa à l'homme d'affaires. Restarick aurait dû savoir qu'on ne devait jamais se fier au jugement de son oncle, désavantagé par sa mauvaise mémoire et sa vue affaiblie... Il s'était laissé prendre à l'histoire montée par le détective ! Ce dernier ne lui retirait pas sa considération pour autant, cela le fortifiait seulement dans sa vieille certitude qu'il ne faut jamais accorder crédit à ce que l'on vous raconte sans avoir au préalable vérifié les dires d'autrui. Suspecter tout le monde avait été depuis bien des années, sinon depuis toujours, l'un de ses premiers axiomes. — Permettez-moi de vous rassurer, dit Poirot. Au cours de ma longue carrière, je suis toujours sorti victorieux de mes batailles au service de la Justice. J'ai été, sur bien des points, inégalé. (A suivre...)