Crime - C'est non loin d'ici, dans le djebel du Zaccar, que le sanguinaire Pélissier a fait enfumer dans les grottes de la montagne des centaines d'Algériens. C'est une petite ville de l'intérieur du pays, au beau milieu du Hodna, loin des routes nationales et de leurs clameurs et qui ne paie pas de mine. Miliana, que des voyageurs ont surnommée le nid d'aigle compte tenu qu'elle domine d'immenses vallées en contrebas jusqu'à la limite de Chlef, est sûrement la cité la plus riche et la plus chargée d'histoire après Alger. Il semblerait, selon certaines recherches, que Miliana ait été fondée non pas par des Romains mais par des Grecs et que sa naissance soit antérieure à tout ce que l'on pouvait imaginer jusque-là. Une chose est sûre : si le site a été le théâtre de nombreux événements aujourd'hui presque oubliés par la mémoire collective, il a vu l'émergence d'hommes exceptionnels qui ont irrémédiablement marqué cette région. L'Emir Abdelkader y aurait séjourné pendant plusieurs jours avant de reprendre le combat. Ali Ammar, dit Ali «La Pointe», y a passé son enfance et il doit son nom de «La Pointe», semble-t-il, à la petite place où il traînait souvent et que les Français appelaient «La pointe des blagueurs». C'est non loin d'ici, dans le djebel du Zaccar, que le sanguinaire Pélissier a fait enfumer dans les grottes de la montagne des centaines d'Algériens. C'est dans cette ville que fleuriront pendant près d'un siècle les sciences et les arts à travers tout le Maghreb au point qu'un prince offrira à l'un de ses savants toute une province au Maroc. Selon Mme Cherifa, professeur de français, le Saint patron de la ville, Sidi Ahmed Benyoucef, aurait béni tous les enfants pour l'éternité. «Si un malheur arrivait aux gens jusqu'au cou, avait-il prédit, il n'arrivera aux Milianais que jusqu'aux orteils». Même les Romains ont laissé sur cette terre les traces de leur passage puisqu'il paraît que le général Pompée et son neveu y sont enterrés.