Résumé de la 22e partie - Philip dit à Taverner que son père a assuré à chacun son indépendance financière... Al'époque, il fit de mon frère le directeur et le principal actionnaire de l'Associated Catering, la plus importante de ses sociétés. Il me donna, à moi, ce qu'il considérait comme équivalent de ce qu'il donnait à mon frère, une très grosse somme, des valeurs diverses, représentant exactement un capital de cent cinquante mille livres, dont j'étais libre de disposer à mon gré. En même temps, il faisait de très généreuses donations à mes deux sœurs, qui sont mortes aujourd'hui. — Sa fortune personnelle, cependant, restait considérable ? — Non, il n'avait gardé pour lui qu'un revenu relativement fort modeste. Afin, disait-il, de conserver un intérêt dans l'existence... Souriant pour la première fois, Philip ajouta : — Depuis, il avait fait toutes sortes d'affaires et était redevenu plus riche qu'il ne l'avait jamais été. — Vous avez décidé, votre frère et vous-même, de venir vivre ici. Etait-ce à la suite de... difficultés financières ? — Nullement, mais simplement parce que cela nous plaisait. Mon père nous avait toujours répété qu'il serait heureux de nous voir nous installer sous son toit. Différentes considérations d'ordre domestique m'ont incité à le faire, indépendamment de l'affection très réelle que j'avais pour lui, et, en 1937, je me suis établi ici avec ma famille. Je ne paie pas de loyer, mais je prends ma part des charges, proportionnellement aux locaux que j'occupe. Lui-même se fixa ici en 1943, quand sa maison de Londres fut écrasée par une bombe. — Puis-je vous demander, monsieur Leonidès, si vous avez une idée de ce que peuvent être les dispositions testamentaires de votre père ? — Je les connais fort bien. Il a refait son testament en 1945, dès la fin des hostilités. Il nous a tous réunis, en une sorte de conseil de famille et, à sa demande, son avoué nous a communiqué l'essentiel des dispositions contenues dans son testament. J'imagine que Mr Gaitskill vous les a déjà fait connaître. En gros, il laissait à sa veuve une somme de cent mille livres, tous droits payés, qui venait s'ajouter à la très belle dot qu'il avait reconnue, lors de son mariage, le reliquat de sa fortune devant être partagée en trois parts égales, une pour moi, une pour mon frère et une pour les trois petits-enfants. — Aucun legs aux domestiques ou à des fondations charitables ? — Aucun. Les gages des domestiques étaient augmentés chaque année, s'ils ne quittaient pas la maison. — Actuellement, monsieur Leonidès, vous n'avez pas – je m'excuse de vous demander ça – particulièrement besoin d'argent ? — Les impôts sont lourds, inspecteur, vous le savez comme moi, mais mes revenus me suffisent amplement. Mon père, d'ailleurs, se montrait avec nous très généreux et, en cas de nécessité, il serait tout de suite venu à notre secours.(A suivre...)