Résumé de la 30e partie - Roger Leonidès en apprenant que son père a été empoisonné, s'emporte contre Mrs Brenda Leonidès... Quand Taverner se leva, il exprima le désir de jeter un coup d'œil sur la partie de la maison habitée par le ménage. Encore qu'assez surprise de la requête, Mrs Roger Leonidès s'empressa de lui donner satisfaction. La chambre à coucher, avec ses lits jumeaux et leur courtepointe blanche, faisait vaguement songer à quelque cellule monastique. La salle de bains n'était guère moins sévère. La cuisine, d'une propreté immaculée, était magnifiquement agencée pour épargner du travail à la ménagère. Nous arrivâmes à une dernière porte que Clemency ouvrit en disant : — Ici, vous pénétrez dans le domaine privé de mon époux. — Entrez ! dit la voix de Roger. Entrez ! Je poussai un discret soupir de soulagement. Après les pièces austères que je venais de voir, j'étais heureux de découvrir enfin un endroit qui reflétait la personnalité de l'occupant. Le bureau, couvert de papiers, parmi lesquels traînaient de vieilles pipes, offrait un sympathique désordre. Les fauteuils étaient vastes et usagés, les murs ornés de photographies – des groupes d'étudiants, de joueurs de cricket et de militaires – et d'aquarelles, représentant des minarets, des couchers de soleil ou des bateaux à voiles. La chambre donnait l'impression d'être celle d'un homme qu'on eût aimé compter au nombre de ses amis. Roger, avec des gestes maladroits, débarrassait un coin du bureau pour nous servir à boire. — Tout est en l'air, dit-il. J'étais en train de mettre un peu d'ordre dans mes paperasses... J'acceptai le verre qu'il me présentait. L'inspecteur déclara qu'il préférait ne rien prendre. — Il ne faut pas m'en vouloir, poursuivit Roger. Je me laisse emporter et... Il jeta un coup d'œil craintif autour de lui. Mais Clemency n'était pas entrée avec nous dans la pièce. — C'est une femme magnifique, reprit-il. Vous savez de qui je parle ? Dans toute cette histoire, elle est splendide... et je ne saurais dire combien je l'admire. Et elle a vécu des jours terribles, je tiens à ce que vous le sachiez. Ça se passait avant notre mariage. Son premier époux était un très chic type, mais malheureusement d'une santé fort délicate. En fait, il était tuberculeux. Il faisait de très intéressantes recherches de cristallographie. Il travaillait énormément, gagnait peu, mais refusait d'abandonner son laboratoire. Elle l'aidait, se dépensant sans compter, s'épuisant pour lui épargner de la peine, tout en comprenant parfaitement qu'il était en train de se tuer. Jamais elle n'a eu un mot pour se plaindre, jamais elle n'a admis qu'elle était fatiguée et jusqu'au bout elle lui a dit qu'elle était heureuse. Quand il est mort, elle s'est trouvée désemparée. Elle a fini par m'épouser. J'aurais voulu qu'elle se reposât, qu'elle cessât de travailler. Mais nous étions en guerre et elle avait un trop clair sentiment de son devoir pour m'écouter. Et, aujourd'hui, elle continue ! C'est une épouse magnifique, la meilleure qu'un homme ait jamais eue et tous les jours je me dis que, le jour où je l'ai rencontrée, j'ai eu plus de chance que je ne méritais. Pour elle, je ferais n'importe quoi ! (A suivre ...)