Désertion - En ce mois de ramadan, le constat est amer : ce sont pratiquement presque toutes les administrations et entreprises qui se vident de leurs employés. «L'hémorragie» a débuté avec les premiers jours de ce mois de carême. Il est vrai que «le congé» est un droit garanti pour tout fonctionnaire dépassant les six mois dans un même poste, cependant, le fonctionnaire algérien préfère parfois s'offrir un congé en cette période, sans le moindre souci de la continuité du service. Communes, postes, administrations, agences de prestation de services, hôpitaux, aucun secteur n'échappe à la règle. Dans la plupart des cas, seulement 50 % des personnels sont présents, chacun à son poste. Le laisser-aller, et l'absentéisme ont atteint un pic intolérable. Force est de constater que le ramadan est en réalité un mois de congé officieux pour la plupart des employés. Pour de nombreuses entreprises et administrations, ce mois s'est quasiment transformé en un mois où le rendement des travailleurs est nul si toutefois ces derniers sont à leur poste évidemment. Le traitement des dossiers des citoyens par certaines administrations est reporté après le ramadan. Autre phénomène récurrent pendant le mois de carême, l'abus de congés de maladie. A en croire les affirmations d'un cadre à la Cnas d'Alger, «les congés de maladie se multiplient à la même période chaque année». «C'est pourquoi, a-t-il expliqué, bon nombre de chefs d'entreprises optent pour un congé d'office pour leurs personnels afin de faire face à l'improductivité caractérisant ce mois.» Au siège des communes, le constat est éloquent. Dimanche matin, dixième jour du ramadan, nous étions de passage dans une APC d'Alger. Le service de l'état civil travaille au ralenti. Un silence magistral règne en maître. Aucune comparaison avec le brouhaha habituel. Afin de légaliser une copie de la carte nationale d'identité, nous suivons l'indication et nous sommes orientés vers le guichet N°2 quand nous sommes interpellés par un agent guichetier. «Vous ne vous êtes pas trompés de guichet, mais en attendant que mon collègue revienne, cette tâche m'incombe», nous dit-il. Idem dans une commune de banlieue. Là, aussi, seuls quelques employés assurent la marche des services. «Au moins une vingtaine d'employés sont en congé pendant ce ramadan», nous a confié un vice-président de l'APC qui qualifie la situation de «déplorable» mais de fait «incontrôlable». «Je n'entre pas dans les détails mais sachez que certains (es) de nos employés (es) bénéficient d'une bénédiction de haut rang donc pas question de leur refuser un congé quelconque», a-t-il déploré.