Sanction - C'est devenu une habitude. Certains fonctionnaires en Algérie bénéficient jusqu'à deux mois de congés annuels. Ramadan oblige. En Algérie, comme dans la plupart des pays musulmans, les administrations et les entreprises publiques, appliquent l'horaire continu. Dans notre pays cet horaire est fixé entre 9 heures et 16 heures par la fonction publique. Un horaire qui paraît raisonnable et s'adaptant au mois de jeune mais qui apparemment ne convient pas à nos fonctionnaires. Ceux-ci s'accordent en effet, officieusement, certaines facilités, et du coup c'est la vie de tout un pays sinon de toute une économie qui est chamboulée. Chaque année qui passe confirme la tendance : l'absentéisme en est à son point culminant au niveau des administrations. Du lever du soleil jusqu'à son coucher, le fonctionnaire algérien fait tout pour réduire ses horaires de travail. Considéré mois du sacrifice et du travail, le ramadan est en réalité un mois de repos pour la plupart des employés. Il est ainsi détourné de son vrai objectif pour se transformer en un mois de laisser-aller où l'absentéisme atteint un seuil intolérable, ce qui affecte systématiquement le rendement des entreprises et, par ricochet, l'économie nationale. D'aucuns n'accomplissent même pas quatre heures de travail. C'est d'ailleurs ce que nous dira une employée d'une institution d'Etat, qui affirme qu'entre les tâches domestiques et le travail, elle est perdue, ajoutant que c'est dur pour elle de concilier les deux durant le mois sacré, alors elle trouve plus commode de quitter tôt son bureau. D'autant que ses responsables désertent tous très tôt leurs bureaux. Pas de pointage, pas de risque de ponction sur salaires ni encore moins d'avertissement. Et c'est ainsi que des administrés se trouvent devant des guichets entièrement déserts, si ce n'est un agent de sécurité qui somnole sur un banc. «Ce n'est pas possible. A treize heures il n'y a personne à qui nous adresser et soumettre nos doléances ?», nous disent des citoyens en colère. Au niveau de certaines APC et bureaux de poste, c'est le même scénario. A titre d'exemple, nous avons parcouru entre treize et seize heures les guichets des APC d'Alger-centre, Sidi M'hamed, Belouizdad, Kouba et Gué de Constantine. Partout, il n'y avait au maximum qu'un agent de sécurité pour demander aux administrés de revenir le lendemain. Au niveau des bureaux de poste de ces communes c'est presque la même situation, sauf qu'ici, la stratégie est simple. Soit la visu est en panne, soit il n'y a plus d'argent. Il faut dire que tous les secteurs d'activité sont touchés : bâtiment, industrie, administration, aucune activité n'est épargnée. Beaucoup d'administrations en relation directe avec le citoyen «telles les APC reportent intentionnellement le traitement des dossiers pour l'après-Ramadan. Et ne courez surtout pas trop de risques ! Si par malheur quelqu'un ose réclamer un quelconque droit, la bagarre est quasiment inévitable», nous dit un quinquagénaire accosté au niveau de la wilaya déléguée de Bir-Mourad-Raïs. Congés de maladie : l' abus C'est le responsable du personnel d'une entreprise au niveau de la capitale qui soulève un autre phénomène récurrent pendant le mois sacré. Il s'agit, là, de l'abus de congés de maladie. «Beaucoup de travailleurs ne se gênent aucunement de présenter des arrêts de travail en simulant certaines maladies, sans que nous puissions faire quelque chose», nous dit ce responsable. «C'est la raison pour laquelle justement certains patrons d'entreprise baissent rideau durant le ramadan en mettant l'ensemble du personnel en congé annuel obligatoire», ajoute notre interlocuteur.