Représentation - Le 7e Festival de théâtre professionnel se poursuit jusqu'au 27 septembre au Théâtre national. Hier après-midi, le Théâtre régional d'Annaba est entré en lice avec la pièce ‘Une femme en papier'. Le texte de Waciny Laredj est adapté par Mourad Snousi. La mise en scène revient à Sakina Mekious, alias Sonia. D'emblée, le jeu se révélait accrocheur grâce à l'interprétation pertinente des deux comédiennes – Laarini Lydia et Houari Raja – qui se sont brillamment illustrées. Elles ont su donner à leur personnage toute l'ampleur dramaturgique. La pièce, qui évolue dans un décor à la fois sobre et serein, d'une expressivité saisissante, où dominent le noir, le blanc et les feuilles de papier éparpillées à même les planches, a été mise en scène avec autant de subtilité que de sensibilité. Et cela démontre le travail de recherche sur chaque détail et sur chaque composante du spectacle. Quant à la scénographie, signée Yahia Benammar, elle est habilement étudiée et présentée de manière à faire ressortir toute sa sémantique et, du coup, lui donner du relief, de la valeur scénique, une portée poétique. Et aussi une symbolique. ‘Une femme en papier' raconte l'histoire d'un romancier et son personnage fictif féminin qu'il a créé pour en faire le héros de ses romans. Ce personnage devient tellement présent dans le quotidien du romancier que sa vraie femme commence à avoir des doutes, craignant que «la femme en papier» n'en cache une autre, bien réelle, dans la vie de son mari. De ces soupçons, naît la jalousie que la femme de l'écrivain nourrit jusqu'à entrer en conflit avec ce personnage imaginaire. Et à travers cette situation conflictuelle, c'est tout un hommage rendu aux artistes disparus, à l'exemple de Abdelkader Alloula, Kateb Yacine, Issiakhem... La pièce se veut, en outre, une évocation de la décennie noire, cette tragédie qui a endeuillé l'Algérie durant les années 1990. La pièce se présente par ailleurs comme un plaidoyer contre l'oubli. Toute la dramaturgie du texte est rendue sensible grâce à la musique signée Samaï Salah. Parce que c'est sur un fond musical que le jeu prend tout son sens et se répercute sur scène avec une intensité émotive prenante et surprenante. Plus tard, dans la soirée, le public a vu monter sur les planches la troupe du Théâtre régional de Saïda. C'est avec ‘Jeu d'échecs' que cette troupe est entrée en compétition. Le texte est écrit et mis en scène par Mohamed Bekhti. C'est l'histoire d'un homme, vieux et malade, qui s'accroche à la vie et à ses plaisirs. Ses proches s'évertuent à mettre fin à sa vie afin d'hériter de sa fortune. Il s'agit d'un complot machiavélique. Le rideau se lève sur une scénographie de type classique, appropriée à la mise en scène. L'une répond à l'autre. Et c'est à partir de ce moment-là que tout commence... La pièce, en arabe dialectal, est une manière pour le metteur en scène de la rendre largement accessible au public. Cette pièce dévoile un jeu linéaire, homogène et, surtout, classique. C'est un jeu figé, qui manque de dynamique et d'étincelles. Il est dépourvu de ce quelque chose qui le rend rythmé et lui confère toute sa musicalité. Il manque aussi d'attrait. Et même s'il s'avère juste, même s'il revêt certes une théâtralité, celle-ci manque de conviction. En plus, il se dévoile dans un formalisme creux et stéréotypé. La pièce est une comédie qui se veut simplement un moment de détente.