Résumé de la 96e partie - Pour Edith de Haviland, Aristide Leonidès a eu raison de léguer ses biens à Sophia... Entre sa famille et elle, une barrière s'élevait soudain. Elle était séparée des autres et quelque chose, dans son attitude, me disait que le fait ne lui échappait pas et qu'elle l'acceptait, avec toutes ses conséquences. Le vieux Leonidès lui avait placé un fardeau sur les épaules, sûr qu'elles seraient assez solides pour le porter. Sophia ne se dérobait pas. Mais, à ce moment-là, elle m'inspirait un peu de pitié. Elle n'avait encore rien dit – on ne lui en avait guère laissé l'occasion – mais l'instant ne tarderait pas où il lui faudrait parler. Déjà, sous l'affection des siens, je devinais une hostilité latente, pressentie une première fois tout à l'heure, lors de l'aimable, mais malicieuse, petite comédie jouée par Magda. Après s'être raclé le gosier, Mr Gaitskill prononça quelques phrases, dont il avait évidemment pesé les termes. — Vous me permettrez, ma chère Sophia, de vous présenter toutes mes félicitations. Vous êtes maintenant une femme riche, extrêmement riche. Je vous conseillerai de ne prendre... aucune décision précipitée. Je puis vous avancer tout l'argent liquide dont vous pouvez avoir besoin dans l'immédiat, pour les dépenses courantes. Si vous désirez discuter avec moi des arrangements à prendre pour l'avenir, je me ferai une joie de mettre mes lumières à votre service. Prenez votre temps, réfléchissez et, le moment venu, téléphonez-moi à mon cabinet de Lincoln's Inn. — Pour Roger... Edith de Haviland n'eut pas le temps de poursuivre. Gaitskill répondait à ce que l'obstinée vieille demoiselle allait dire. — Roger doit se défendre tout seul. Il est assez grand pour ça, puisqu'il a, si je ne m'abuse, cinquante-quatre ans. Aristide Leonidès l'a parfaitement jugé : Roger n'a jamais été un homme d'affaires... et il n'y a pas de raison que ça change ! Le regard tourné vers Sophia, il ajouta : — Si vous renflouez l'Associated Catering, n'allez pas vous imaginer que Roger fera d'elle une affaire prospère ! — Je n'ai nullement l'intention de renflouer l'Associated Catering. Sophia parlait pour la première fois. D'une voix brève et un peu sèche. Elle ajouta : — Ce serait une pure stupidité. Gaitskill la considéra un instant, par-dessous ses sourcils, sourit pour lui-même, puis, après avoir adressé à tout le monde un «au revoir» collectif, se retira. Il y eut un moment de silence. Brusquement Philip se leva. — Il faut que je retourne à ma bibliothèque. Je n'ai que trop perdu de temps. — Père... Il y avait, dans la voix de Sophia, comme une prière. Philip, se retournant, lança à sa fille un regard chargé d'hostilité. — Tu m'excuseras de ne point te présenter mes félicitations, mais je m'en sens incapable. (A suivre...)