Résumé de la 107e partie - Taverner ne croit pas que ce sont les véritables coupables qui ont été arrêtés... J'étais renseigné, mais je quittai Taverner avec la conviction qu'il y avait dans tout cela quelque chose qui ne lui plaisait pas. Ce fut seulement trois jours plus tard qu'il me fut donné de dire au paternel ce que j'avais sur le cœur. Il ne m'avait jamais parlé de l'affaire. En vertu d'un accord tacite, dont je connaissais les raisons, nous évitions d'aborder ce sujet. Ce jour-là, je l'attaquai résolument. — Il faut tirer ça au clair ! dis-je. Taverner n'est nullement convaincu que ce sont bien les coupables qui ont été arrêtés... et tu ne l'es pas plus que lui ! Mon père secoua la tête et m'objecta que la question n'était pas de sa compétence. Un point lui paraissait acquis, qu'on ne pouvait contester : l'accusation était solide. — Mais, répliquai-je, tu ne crois pas à leur culpabilité ! Et Taverner non plus ! — C'est au jury qu'il appartient de décider ! Le «Director of Public Prosecutions», le magistrat qui décide des poursuites. — Je le sais bien ! m'écriai-je. Mais ce qui m'intéresse, c'est ton opinion personnelle ! — Mon opinion personnelle, Charles, n'a pas plus d'importance que la tienne. — Pardon ! Ton expérience... — Bon. Eh bien ! je serai honnête avec toi. À franchement parler, je ne sais pas ! — Tu crois qu'ils pourraient être coupables ? — Certainement. — Mais tu ne saurais dire que tu en es sûr ? Le «pater» haussa les épaules. — Sûr, l'est-on jamais ? — Ne me dis pas ça ! Il y a des fois où tu étais sûr de la culpabilité de tes bonshommes ! Absolument sûr ! Non ? — C'est arrivé quelquefois. Mais pas toujours ! — Et cette fois-ci, tu ne l'es pas ! — Je voudrais bien l'être. Nous restâmes silencieux. Je pensais à ces deux silhouettes que j'avais aperçues dans le soir qui tombait, fuyantes et craintives, presque dès mon arrivée à «Three Gables». Dès le premier jour, Brenda et Laurence me donnèrent l'impression qu'ils avaient peur de quelque chose. N'était-ce pas parce qu'ils ne se sentaient pas la conscience tranquille ? Je me posais la question et j'étais obligé de me répondre : «Pas nécessairement !». Parce qu'ils manquaient de confiance en eux-mêmes, parce qu'ils savaient ne pas être capables d'éviter les dangers qui les menaçaient, parce qu'ils ne se rendaient que trop bien compte que leurs coupables amours pouvaient, à tout moment, les conduire au crime. Mon père reprit, d'une voix grave et douce à la fois : — Voyons, Charles ! Regardons les choses en face. Tu persistes à penser que l'assassin est un membre de la famille ? — À vrai dire, non. Je me le demande seulement. — Tu le penses, Charles. Tu te trompes peut-être, mais tu le penses ! (A suivre...)