Résumé de la 115e partie - Edith de Haviland propose à Joséphine une promenade en voiture... Quand on a bien froid à l'intérieur, on a l'impression qu'on a plus chaud à l'extérieur ! Sophia fronça les sourcils. Sa pâleur me chagrinait, comme les cernes qu'elle avait sous les yeux. Nous allâmes retrouver Edith de Haviland. Elle fermait sa seconde enveloppe. Elle se leva. — Nous partons. J'ai dit à Evans de me sortir la Ford. Nous traversâmes le hall, où je revis les bagages, avec leur étiquette bleue. À la porte, tout en boutonnant ses gants, Edith de Haviland regarda le ciel. — Belle journée, dit-elle. Il fait froid, mais l'air est vif. Un vrai jour d'automne anglais. Sont-ils beaux, ces arbres, avec leurs branches nues, qui se détachent sur le ciel, avec, de loin en loin, une feuille d'or qui n'est pas encore tombée ? Elle se retourna et embrassa Sophia. — Adieu, ma chérie ! Ne te tracasse pas trop !... Il y a des choses inévitables et il faut savoir les affronter. La Ford attendait en bas du perron. Edith monta dans la voiture, puis Joséphine. Elles nous adressèrent, l'une et l'autre, un petit signe d'adieu quand l'auto démarra. — J'imagine, dis-je, que la tante Edith a raison et qu'il est sage d'éloigner Joséphine pendant une heure ou deux, mais je reste convaincu, Sophia, qu'il faut contraindre cette enfant à dire ce qu'elle sait. — Il est probable qu'elle ne sait rien du tout ! Elle se vante. C'est une petite qui a toujours aimé se donner de l'importance. — Je crois qu'il y a autre chose. Sait-on quel poison on a versé dans le chocolat ? — On croit que c'est de la digitaline. Tante Edith en prend pour son cœur. Elle avait dans sa chambre un flacon plein de petites pilules de digitaline. Il est vide ! — Elle aurait dû le garder sous clef ! — C'est bien ce qu'elle faisait. Mais il ne devait pas être bien difficile de découvrir où elle cachait sa clef ! De nouveau, mes yeux restaient fixés, sur les bagages entassés dans le hall. Brusquement, je me pris à dire à haute voix : — Ils ne peuvent pas s'en aller ! Il ne faut pas le leur permettre ! Sophia me regardait, étonnée. — Roger et Clemency ?... Mais, Charles, vous ne croyez pas... — Et vous, que croyez-vous ? — Elle eut un geste d'impuissance. — Je ne sais pas, Charles ! Je sais seulement que nous sommes revenus en... en plein cauchemar ! — Je sais, Sophia. Ce sont les mots mêmes que j'ai employés, dans la voiture qui m'amenait ici, avec Taverner. — Justement, parce que c'est bien un cauchemar. Charles ! On est au milieu de gens qu'on connaît, on se trouve devant un être qu'on ne connaît pas, un étranger, cruel et sans pitié... Dans un cri, elle ajouta : — Sortons, Charles, sortons !... Dehors, je me sens plus en sécurité... J'ai peur de rester dans cette maison. (A suivre ...)