Résumé de la 116e partie - Avec ce nouveau meurtre, tout le monde est suspect. Charles n'admet pas que Roger et Clemency partent... Nous demeurâmes longtemps dans le jardin. D'un commun accord nous évitâmes de parler de cette angoisse qui nous étreignait tous deux et j'écoutai Sophia évoquer avec affection le visage de la morte, cette brave femme avec qui elle avait joué alors qu'elle n'était encore qu'une enfant et qui avait été sa «Nannie», comme elle avait été celle de Roger, de Philip et de leurs frères et sœurs. — Elle aimait nous parler d'eux, disait Sophia, parce que ceux-là c'étaient ses vrais enfants. Elle ne revint avec nous que pendant la guerre, quand Joséphine n'était qu'un bébé et Eustace un drôle de petit bonhomme, très amusant... Ces souvenirs détendaient Sophia et je l'encourageais à continuer. Cependant, je me demandais ce que Taverner pouvait bien faire. Probablement interrogeait-il les uns et les autres. Une auto de la police prit la route de Londres, emportant le photographe et deux policemen. Peu après, une ambulance arrivait, qui repartit bientôt. Le corps de la vieille Nannie s'en allait vers le dépôt mortuaire et l'autopsie. Longtemps encore, nous nous promenâmes dans le jardin, poursuivant une conversation où les mots n'avaient d'autre objet que de nous dissimuler à nous-mêmes nos véritables pensées. Le jour baissait quand, un frisson l'ayant parcourue, Sophia proposa que nous rentrions. — Il doit être tard. Tante Edith et Joséphine ne sont pas encore revenues. Elles devraient pourtant être là ! Je ne savais que répondre. Que s'était-il passé ? Edith avait-elle délibérément pris le parti d'arracher l'enfant à la maison maudite ? Nous rentrâmes. Sophia tira les rideaux. Dans la cheminée, le feu flambait et le grand salon, avec son luxe d'un autre âge, avait comme un air de fête. Il y avait sur les tables d'énormes bouquets de chrysanthèmes d'un jaune vert bronzé. Sophia sonna et une femme de chambre parut, que je reconnus, pour l'avoir vue quelque temps auparavant, alors qu'elle servait au premier étage. Elle avait les yeux rouges et reniflait sans cesse. Je remarquai aussi qu'elle jetait fréquemment de rapides regards par-dessus son épaule, comme si elle avait eu peur de quelque chose. Philip se fit servir son thé dans sa bibliothèque, mais Magda vint nous rejoindre. Comme toujours, elle jouait un rôle : celui de la femme accablée de chagrin. Elle parlait fort peu. Elle prit un air soucieux pour s'informer d'Edith et de Joséphine, de qui le retard l'ennuyait. Pour moi, je ne savais que penser et j'étais de plus en plus mal à l'aise. Je demandai si Taverner était toujours dans la maison. Magda m'ayant répondu qu'elle le croyait, je me mis à sa recherche. Je lui fis part de mes inquiétudes au sujet de miss Haviland et de Joséphine. Prenant immédiatement le téléphone, il donna certaines instructions. Il me dit ensuite qu'il me préviendrait dès qu'il aurait des nouvelles. Je le remerciai et regagnai le salon. Eustace s'y trouvait avec Sophia. Magda était partie. (A suivre...)