Résumé de la 118e partie - Taverner annonce à Sophia et à Charles que Joséphine et Edith de Haviland ont eu un accident. Toutes les deux sont mortes... Celle du dessus était adressée à l'inspecteur Taverner. Il m'avait suivi. Je lui tendis l'enveloppe, qu'il ouvrit. Nous prîmes en même temps que lui connaissance du message qu'elle contenait. Je pense que ce pli sera ouvert alors que je serai morte, je ne veux pas entrer dans les détails, mais je revendique la pleine responsabilité de la mort de mon beau-frère Aristide Leonidès et celle de Janet Rowe (Nannie). Je déclare solennellement ici que Brenda Leonidès et Laurence Brown sont innocents du meurtre d'Aristide Leonidès. Le docteur Michæl Chavasse, Harley Street, confirmera que ma vie n'aurait pu être prolongée que de quelques mois. Je préfère la quitter comme j'ai résolu de le faire et épargner à deux innocents l'épreuve d'être jugés pour un crime qu'ils n'ont pas commis. Je suis parfaitement saine d'esprit et j'ai pleine conscience de ce que j'écris. Edith Elfrida de Haviland. Comme j'achevais ma lecture, je vis que Sophia était à côté de moi. Elle avait lu, elle aussi. Elle dit, dans un souffle : — Tante Edith... Je revis la vieille demoiselle arrachant d'un geste énergique le liseron qui s'était accroché au bas de sa jupe. Je me souvins des soupçons qu'elle m'avait inspirés. Mais pourquoi... Sophia posa la question, alors même qu'elle se formait en mon esprit. — Pourquoi Joséphine ? Pourquoi l'a-t-elle emmenée avec elle ? — Et, à vrai dire, ajoutai-je, pourquoi s'est-elle tuée ? Je le demandais, mais déjà la réponse m'était connue. Tout, maintenant, m'apparaissait clairement. J'avais encore la seconde enveloppe à la main. Elle m'était adressée. Elle était plus lourde et plus épaisse que l'autre et je crois bien que je sus ce qu'elle contenait avant même de l'ouvrir. Je ne me trompais pas : c'était le petit carnet noir de Joséphine. Penchée sur mon épaule, Sophia lut la première ligne en même temps que moi. Aujourd'hui, j'ai tué grand-père. Je devais, plus tard, me demander comment j'avais pu rester aveugle à une vérité pourtant évidente. Seule Joséphine pouvait être coupable. Sa vanité, l'importance qu'elle se donnait, le plaisir qu'elle prenait à parler, l'insistance qu'elle mettait à répéter qu'elle était très forte et que les policiers étaient stupides, tout l'indiquait. Parce qu'elle n'était qu'une enfant, je n'avais jamais pensé qu'elle pût avoir tué. Pourtant, on a déjà vu des enfants assassins et le meurtre de «Three Gables» était bien de ceux qu'un enfant pouvait commettre. Le vieux Leonidès avait lui-même expliqué à la petite comment il fallait opérer et elle n'eut qu'à suivre ses indications. Il lui avait seulement fallu faire attention à ne pas laisser d'empreintes digitales, elle avait lu assez d'histoires policières pour ne pas l'ignorer. Tout le reste n'était qu'un salmigondis, en provenance directe des «romans-détectives» dont Joséphine faisait sa lecture ordinaire. (A suivre...)