Tlemcen - Joyau inestimable dans un écrin de verdure, Tlemcen continue d'exercer sur ceux qui la visitent une irrésistible fascination. C'est que la ville est belle, chargée de la présence fugace de tous ces hommes illustres qui ont fait son Histoire. Mais certains Tlemcéniens vous diront d'emblée que c'est la Baraka de Sidi Boumediene, le saint patron de la ville qui baigne les lieux et qui imprègne ceux qui les visitent. Sidi Boumediene. Un pôle dans la mystique musulmane et qui est devenu le symbole de Tlemcen malgré l'extrême richesse du passé de cette ancienne capitale d'un royaume florissant, “la perle du Maghreb". De son vrai nom Abou Mediène Choaib El-Hocine et Andaloussi, il est né près de Séville en 1128. Il commença une modeste carrière de tisserand, mais son attirance pour l'étude et l'ésotérisme fut telle qu'il en vint à se consacrer entièrement à la méditation et aux sciences de la religion. Après des études assidues à Fès, il se rendit à El-Eubad, sur le piémont qui domine Tlemcen et près du tombeau d'un descendant du prophète (QSSSL), Sidi Abdallah Ben Ali. L'endroit, ombragé et traversé par des ruisseaux d'eau claire, était propice à la méditation et il y séjourna quelque temps. Il ne devait plus le revoir. Pourtant, c'est là qu'il fut enterré. Il entreprit, à travers le Maghreb et le Machrek, des pérégrinations qui le menèrent au cœur de l'ésotérisme musulman, le soufisme. Il y rencontra de grands maîtres qui contribuèrent à l'initier à la mystique soufie. L'on dit même qu'il connut le grand Abd El Kader El-Djilani. Passionné et plongé dans les “sciences de l'invisible", il devint un “cheikh echouyouckh", puis finit par accéder au rang de “kotb" puis enfin de “ghout", un saint vivant, le sommet de la hiérarchie soufie. Il enseigna dans des universités islamiques prestigieuses, comme celles de Bagdad, Séville, Cordoue, Bougie, etc. Il participa à la libération de Jérusalem et perdit un bras au combat. Plus tard, en se rendant de Bougie à Marrakech, il mourut non loin de Tlemcen. Quelques jours avant, il avait parlé à ses compagnons d'El-eubad et leur avait dit que c'était un endroit paisible et propice au sommeil. Cette conversation sera son testament puisque c'est dans cet endroit qu'il sera inhumé. Une très belle mosquée sera érigée sur son mausolée qui deviendra un lieu de pèlerinage pour les soufis du monde entier. Trois fois l'an, le deuxième jour de l'Aïd El- Kébir, de l'Aïd Esseghir et le septième jour du Mouloud, des pèlerins de nombreuses confréries religieuses se réunissent à El- Eubad et montent en procession vers le mausolée de Sidi Boumediene. Des bannières aux couleurs chatoyantes sont déployées, les youyous fusent et des derviches entrent en transes au son assourdissant du tbal, du gallal et des karkabous.