Incertitude - Le président tunisien reçoit ce mercredi matin, Rached Ghannouchi, et la secrétaire générale d'un parti laïque d'opposition. Moncef Marzouki reçoit également Maya Jribi, numéro 2 du parti républicain, qui a indiqué ces derniers jours qu'elle soutiendrait un gouvernement restreint mêlant politiques et technocrates, tout en insistant pour qu'il soit dirigé par M. Jebali. Les rencontres interviennent alors que les consultations sont en cours pour nommer un nouveau Premier ministre. La veille, Hamadi Jebali a annoncé sa démission au lendemain de son échec de former un cabinet de technocrates torpillé par son propre parti islamiste Ennahda. «J'ai promis et assuré qu'en cas d'échec de mon initiative je démissionnerais de la présidence du gouvernement et c'est ce que je viens de faire», a-t-il dit après une entrevue avec le chef de l'Etat, Moncef Marzouki. «Notre peuple est déçu par sa classe politique, il faut restaurer la confiance», a-t-il souligné. «L'échec de mon initiative ne signifie pas l'échec de la Tunisie ou l'échec de la révolution», a-t-il noté, se disant toujours «convaincu» qu'un gouvernement apolitique «est le meilleur moyen de sortir le pays de l'errance». M. Jebali, qui doit gérer les affaires courantes jusqu'à la nomination d'un successeur, a assuré qu'il n'y aurait pas de «vide» à la tête de l'Etat. Il a de nouveau insisté sur l'urgence de fixer la date des prochaines élections, alors que toute possibilité de scrutin est paralysée par l'impasse de la rédaction de la Constitution par l'Assemblée nationale constituante (ANC). Prenant les devants, M. Jebali a dit qu'il ne s'inscrirait «dans aucune initiative qui ne fixe pas la date des prochaines élections». «A quand la Constitution ? A quand les élections?» a-t-il lancé. Parmi les noms qui circulent pour le poste de Premier ministre, on compte Abdelatif Mekki, ministre de la Santé, et Noureddine Bhiri, ministre de la Justice. Mais Ennahda pourrait aussi décider de reconduire M. Jebali. «Le choix de Jebali comme potentiel futur chef de gouvernement est sur la table, mais nous devons discuter encore et nous avons de nombreux gens compétents en cas de refus», a dit Sahbi Attig, chef du groupe parlementaire d'Ennahda à l'ANC. Quel suite à donner aux événements dans le pays après cette démission ? Pour l'heure, la Tunisie est plongée dans une interminable crise politique qui s'est accentuée depuis l'assassinat il y a deux semaines, de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd.