Critique - Le menteur, un long métrage signé Ali Mouzaoui, a été projeté, hier, en avant-première, à la salle Ibn Zeydoun (Riad el-feth). Ce film qui raconte une histoire d'amour, vient enrichir la filmographie algérienne d'expression amazighe. Coproduit par la société Citel image et l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), ce film raconte l'histoire de Lila, jeune enseignante interprétée par Yasmina Boukhelifa, et Abderrahmane, dont le rôle est incarné par Cherif Azrou. Ce dernier est un jeune mécanicien de condition modeste. Mais son amour pour Lila et ses ambitions de réussir le font vivre dans le mensonge. Pour se faire une place dans la société, donc impressionner l'objet de sa passion, il va se tourner vers le trafic de drogue. Il arrive même à duper le père de Lila, Si Ahcen, un ancien officier de l'Armée de libération nationale, invalide (le personnage est interprété par Arslane Lerari). Ce dernier, qui a offert sa jeunesse pour un idéal : l'indépendance, est aujourd'hui retranché entre le fantôme de sa défunte épouse hantant sa mémoire, les amitiés de combattants disparus et Lila. Il finit quand même par accepter d'accorder à Abderrahmane la main de sa fille, élevée selon les grands principes de la morale, croyant qu'il s'agit d'un bon parti. Lila a un ami, Madjid, prof de dessin, mais artiste à la sensibilité créatrice à ses heures perdues. Le rôle est campé par Farid Chari. Sa relation avec Lila est plutôt ambiguë, bien qu'elle se veuille amicale. Lila se sent proche de son camarade, confiante et à l'aise en sa compagnie. Madjid incarne l'espoir, la lutte et l'amour qu'il porte à son épouse et ancienne muse, Meriem, défigurée et suicidaire qui s'impose le voile pour épargner aux autres la vue de son visage... Tout cela est raconté dans un contexte où se côtoient mensonge, trahison, déchéance, corruption... En effet, le film est une critique de la société algérienne : une jeunesse menacée par la drogue, une situation de la femme très aléatoire, la désillusion des artistes... Le film tisse des histoires et des relations, le tout se mêle et s'entremêle de manière à aboutir à la même finalité : porter un regard sur la réalité sociale algérienne. Le menteur se veut une peinture sociale et l'illustration des sentiments où se mêlent amour, argent, mensonge, quête de la gloire et de la réussite. Si le film s'emploie à dépeindre la réalité algérienne, il peine à convaincre sur le plan de la forme, tant les erreurs et les imperfections techniques sont évidentes, voire flagrantes, notamment sur le plan du bruitage et de la cohérence du déroulement des événements. A cela s'ajoute un montage parfois approximatif accentuant ainsi l'incohérence de plusieurs séquences. «Le film a été réalisé avec de petits moyens, insuffisants même pour un clip», dira Ali Mouzaoui pour justifier ces lacunes, et de poursuivre : «Je n'ai pas à attendre que toutes les conditions soient réunies pour entamer ce film. Je pense qu'un cinéaste est celui qui fait des films. A mon âge, je ne peux pas attendre dix ans. Ma mission est de filmer. Je continuerai à faire des images, c'est ce qui me hante et j'aime le faire.» Notons que Le menteur sera projeté en France dans le cadre de la sixième édition des «Regards sur le cinéma».