Le réalisateur Ali Mouzaoui récidive avec une nouvelle fiction. Après Je suis chrétien, Sur les ailes du vent, Mimezrane et Mouloud Feraoun, il propose, cette fois, une nouvelle fiction de 124 minutes dont il est le producteur et le scénariste. Ce long métrage, intitulé Le menteur, a été produit par Citel Images et l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), avec le soutien du ministère de la Culture. Projeté pour la presse, hier matin, à la salle Ibn-Zeydoun (Oref), nous avons pu découvrir le nouveau-né d'Ali Mouzaoui. Ce film raconte une histoire où s'entremêlent argent, drogue, amour, nostalgie et, surtout, la morale. Il tourne ainsi autour de quelques personnages, comme Si Ahcène (officier de l'ALN), sa fille Lila, Abderrahmane, Mégot, Saïd. Le réalisateur dépeint le quotidien de ces personnages qui sont d'une partie vouée à la confiance et une autre partie prise dans l'étau du mensonge, du trafic et de la drogue. Lila, la fille de l'officier de l'ALN, et son amant Abderrahmane (le menteur), qui s'est illustré dans un jeu scénique des plus sérieux, met en avant la duplicité d'intentions. Amour et mensonges ornent le dialogue avec des glissements vers une morale sociétale. Un dialogue en langues arabe et kabyle exempte les acteurs d'aller au fond de leurs convictions. Comme un amalgame, c'est le menteur qui paraît le plus crédible d'entres les comédiens, contrairement à l'officier de l'ALN, (dont le réalisateur a prêté sa voix, car il ne parle pas kabyle). Ce dernier, se contentant de péroraisons moralisatrices, s'engouffre dans ses pensées et de temps à autre, il se noie dans un silence hébété. Enfin, la préparation des noces entre Lila et Abderrahmane après la conquête des cœurs, dealers et mensonges, pauvreté et raison qui dominent une partie de la fiction qui se veut une mise en avant de la dualité des desseins. Images superbes, tableaux défilant sans outrage au corps de l'histoire. En gros, l'équipe technique s'est donné la peine de rompre avec le rafistolage. Mais, en revanche, pour le réalisateur qui n'est pas un amateur, son histoire manque cruellement de finesse. Il a, certes, rompu avec les vieux réflexes, faisant en sorte de mettre le cinéma d'expression kabyle dans une maison traditionnelle, mais la fiction proposée tombe aussi cruellement dans la désuétude et l'obsolescence. Faut-il rappeler aussi, un film ne doit pas donner de morale, mais laisser place à l'imaginaire. M M