Avarice - Pour ne pas faire de dépenses inutiles à midi et manger à l'œil, il s'invitera tous les jours chez son beau-frère... pendant 20 ans. Il est né dans une vieille famille d'El-Harrach et comme tous les enfants de son âge, il a commencé à travailler très jeune. D'abord comme cafetier, ensuite dans un atelier de réparation de vélos. Il y passera plusieurs années à apprendre un métier dont il aura vite fait le tour. Il était capable de changer des roues, de contrôler leurs rayons et de remplacer les dents usées de la chaîne en moins d'une heure. Pour des raisons économiques, la famille du jeune Mostefa s'installera en Oranie en 1950. Le jeune garçon avait à l'époque 18 ans. Grâce à ses économies de bouts de chandelle, il réussira tout de même à louer une petite échoppe de 10 mètres carrés, tellement exiguë qu'il sera obligé de faire toutes ses réparations sur le trottoir. Et comme il était loin d'être bête, il s'attaquera avec succès aux mobylettes Solex et même aux Vespas, ce qui doublera et même triplera sa clientèle. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, sa sœur cadette qui venait de se marier, habitera, par le plus grand des hasards, tout près de son atelier. Mostefa, économe jusqu'à l'avarice, s'arrangera pour épouser à son tour la fille la plus pauvre du quartier pour éviter de payer une dot trop chère... Pour ne pas faire de dépenses inutiles à midi et manger à l'œil, il s'invitera tous les jours chez son beau-frère... pendant 20 ans. Quant à sa femme, restée à la maison, elle se contentait des restes de la veille. Quant à sa propre table, elle n'était jamais ouverte, pas même à sa famille, prétextant que son épouse était continuellement malade et d'une santé très fragile. Maintenant que son atelier marchait très fort, le recrutement d'un employé s'avérerait nécessaire surtout s'il ne lui coûtait pas un centime. Mais où trouver cet oiseau rare ? Il le trouvera en la personne de son autre beau-frère – le frère cadet de sa femme – quasiment livré à lui-même dans la houma. Il lui proposera ce deal étrange que le pauvre malheureux accepta. Il sera nourri, logé et blanchi, mais sans toucher de salaire. En revanche tous les frais de son futur mariage, qui aura lieu dans 20 ans, seraient à sa charge ... Aujourd'hui Mostefa est à la tête d'une fortune. Mais peut-on appeler fortune ce qui a été réalisé sur le dos et la sueur des autres ?