Auditions - Les retombées de l'affaire de l'ex-ministre français ayant menti sur un compte bancaire secret à l'étranger, sont loin de s'arrêter. Hier, des députés ont entamé une série d'auditions publiques pour déterminer si Jérôme Cahuzac a bénéficié ou non de protections étatiques, questionnant le rôle du ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici. M. Moscovici et deux autres ministres en exercice, Manuel Valls (Intérieur) et Christiane Taubira (Justice), doivent être entendus dans le cadre de ces auditions menées par une commission d'enquête parlementaire créée à la demande des centristes. Le rôle de M. Moscovici, ministre de tutelle de M. Cahuzac pendant dix mois, a été mis en cause dès l'audition hier des deux journalistes du site d'information Médiapart qui ont révélé l'affaire. «Je ne veux pas dire que M. Moscovici a été forcément complice d'une manœuvre voulant absolument cacher la vérité, je dis néanmoins qu'il a mal travaillé !», a affirmé Edwy Plenel, fondateur de Médiapart. «L'une des questions que nous devrons trancher, c'est l'attitude du ministre de l'Economie», a déclaré le député centriste Charles de Courson, qui préside la commission. M. Moscovici a répété, hier, sur la radio RMC que l'administration fiscale avait été «exemplaire» sous son autorité. «La vérité est très simple : jusqu'au jour où Jérôme Cahuzac a fait l'aveu qu'il avait menti, personne, je dis bien personne, dans le gouvernement n'était au courant de cela», a-t-il affirmé. La commission vise à déterminer «d'éventuels dysfonctionnements» dans l'action de l'exécutif entre le 4 décembre 2012, date des premières révélations de Médiapart sur le compte en Suisse non déclaré de l'ex-ministre du Budget, et le 2 avril 2013, date de son inculpation. Jérôme Cahuzac, inculpé pour blanchiment de fraude fiscale après avoir reconnu qu'il avait détenu un compte à l'étranger non déclaré, comparaîtra également devant la commission à une date non encore rendue publique. Hier, l'ex-ministre a indiqué sur la radio RTL que sa fraude s'élevait au total à 685 000 euros. Il a aussi dit, sans autre précision, qu'il avait «commis d'autres erreurs plus chroniques et plus récentes», mais qu'il réservait sur ce point ses explications à la justice. Pour Edwy Plenel, «tous ceux qui voulaient savoir, au cœur de la République, pouvaient savoir». Le journaliste, fondateur en 2008 de Médiapart, a affirmé avoir rencontré à leur demande, dès la mi-décembre, des collaborateurs du Président François Hollande et du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. «La police a été mise en branle pour surveiller les rapports téléphoniques entre Edwy Plenel et l'un des protagonistes de l'affaire», a affirmé son collaborateur, le journaliste Fabrice Arfi. «Nous ne savons pas si le ministre de l'Intérieur en personne est au courant de ces investigations», a-t-il dit. L'avocat Michel Gonelle, adversaire politique local de Jérôme Cahuzac dans le sud-ouest et détenteur de l'enregistrement où l'ancien ministre évoque son compte suisse, a affirmé devant la commission que les informations en sa possession avaient été transmises au fisc en 2001.