Au plus bas dans les sondages, où il ne recueille qu'à peine trente pour cent d'opinions favorables, le président français est ébranlé par le scandale du compte bancaire en Suisse de son ministre du Budget démissionnaire, lequel, après avoir défié tout le monde, est passé mardi aux aveux devant les juges. Malgré toutes ses affirmations, de celles de son Premier ministre et les membres de son gouvernement, le président français a subi une rafale d'attaques de l'opposition, notamment de l'UMP, qui refuse de croire qu'il n'était pas informé de l'existence du compte bancaire du ministre du budget démissionnaire, Jérôme Cahuzac. Hier, tout l'Exécutif français a assuré que le président français et son Premier ministre ne savaient pas que leur ex-ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, inculpé mardi dans un dossier de fraude fiscale, détenait un compte à l'étranger. François Hollande et Jean-Marc Ayrault n'étaient “pas au courant, bien entendu", a déclaré la porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem, à la radio privée Europe 1. “Nul n'est tenu à l'abri d'avoir un menteur dans sa propre famille", a insisté la porte-parole au sujet de l'ex-ministre du Budget, qui a démissionné le 19 mars, plus de trois mois après l'affirmation, le 4 décembre par un média, de l'existence de son compte en Suisse. “Il n'y a eu aucune complaisance, aucune volonté d'entraver la justice", a renchéri le ministre de l'Economie Pierre Moscovici, qui avait l'autorité de tutelle sur Jérôme Cahuzac. “Le président de la République et moi-même avons fait ce qu'il convenait de faire", a-t-il ajouté, estimant avoir “fait des démarches qui visaient à aider à la manifestation de la vérité". Le numéro deux du gouvernement, Laurent Fabius, a lui aussi assuré que l'Exécutif n'était pas au courant de ce que cachait Jérôme Cahuzac. “S'il (François Hollande) l'avait su, immédiatement Cahuzac aurait été viré", a déclaré à la chaîne BFM-TV le ministre des Affaires étrangères. “C'est accablant", a-t-il ajouté, en rappelant qu'avant d'avoir été ministre, Jérôme Cahuzac avait été président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Cette affaire, “c'est dévastateur pour la vie civile, la vie publique", a-t-il poursuivi, se montrant embarrassé pour suggérer ce qui pourrait être fait pour prévenir à l'avenir tout mensonge similaire. “Cela jette le doute sur tout le monde", a reconnu Laurent Fabius, tout en appelant l'opposition de droite à ne pas en rajouter. L'ancien ministre du budget, qui a été entendu mardi par deux juges, a avoué avoir menti pendant des mois et reconnu détenir un compte bancaire à l'étranger depuis une vingtaine d'années. Il a précisé avoir ordonné que les 600 000 euros actuellement sur ce compte soient rapatriés sur son compte à Paris. Il va sans dire que cette affaire a provoqué l'indignation de la classe politique dans son ensemble. L'opposition de droite, rejointe par la gauche radicale et l'extrême droite, pose la question avec insistance depuis mardi de savoir qui au sein de l'Exécutif était au courant des mensonges de l'ex-ministre du Budget. A la radio Europe 1, le président du parti UMP (opposition), Jean-François Copé, a jugé que le président François Hollande avait soit fait preuve de “candeur", soit “menti" dans l'affaire Cahuzac. Le président François Hollande, affaibli par les aveux de fraude fiscale de son ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac, a annoncé hier un projet de loi sur la publication des patrimoines des ministres et des parlementaires, en assurant par ailleurs que l'Etat ne l'avait pas protégé. Le gouvernement soumettra au Parlement “dans les semaines qui viennent" un projet de loi visant à “assurer la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires", a annoncé M. Hollande dans une déclaration télévisée au lendemain de l'inculpation pour fraude fiscale de son ex-ministre. Ce dernier n'a “bénéficié d'aucune protection de l'Etat", a-t-il assuré. M T