Ordre - La police turque a repris, ce matin, le contrôle de la place Taksim d'Istanbul aux manifestants qui exigent, depuis douze jours, la démission du Premier ministre, à la veille de sa rencontre annoncée avec des représentants de la contestation. Peu avant 8h 00 (05h 00 GMT), les forces de l'ordre en tenue anti-émeute ont repris le contrôle manu militari de la place emblématique du centre de la mégapole turque, repoussant quelques dizaines de protestataires qui y avaient passé la nuit, en tirant plusieurs salves de grenades lacrymogènes et en utilisant des canons à eau. Les forces de l'ordre, secondées par des blindés, ont pris d'assaut les barricades érigées sur certaines avenues menant à la place et dispersé les manifestants à grand renfort de gaz lacrymogènes. Sitôt réinstallés au centre de la place, les policiers ont dispersé dans les rues environnantes des centaines de jeunes manifestants casqués et équipés de masques à gaz, qui ont riposté par des jets de pierres et de cocktails Molotov. Des échauffourées étaient toujours en cours en milieu de matinée sur la place, où la police repoussait régulièrement les manifestants en tirant des grenades lacrymogènes et des petites billes en plastique ou en faisant usage de canons à eau. Un cordon de policiers protégés par des boucliers a encerclé la statue qui trône au centre de la place, a retiré des tentes et des nombreux drapeaux qui la hérissaient depuis plusieurs jours. La police n'est en revanche pas intervenue pour déloger les centaines de militants qui occupent le parc Gezi, adjacent à la place, dont la destruction annoncée a donné le coup d'envoi de la fronde contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan le 31 mai. «Notre intention est d'ôter les pancartes et les dessins sur la place. Nous n'avons pas d'autre objectif», a déclaré M. Mutlu, le gouverneur d'Istanbul sur son compte Twitter. «On ne touchera en aucun cas au parc Gezi et à Taksim, on ne vous touchera absolument pas», a-t-il ajouté, appelant les manifestants à «rester à l'écart des possibles méfaits» des provocateurs. La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de l'annonce d'une rencontre, prévue demain, entre M. Erdogan et des représentants de la contestation, qu'il a présentés, à longueur de discours, comme des «pillards» ou des «extrémistes». «Notre Premier ministre a donné rendez-vous à certains des groupes qui organisent ces manifestations», a déclaré, hier soir, le vice-premier-ministre Bülent Arinç, à l'issue du conseil des ministres, «notre Premier ministre écoutera ce qu'ils ont à dire». Une loi qui limite la consommation d'alcool Le président turc, Abdullah Gül, a promulgué lundi une loi controversée voulue par le gouvernement islamo-conservateur qui restreint la consommation, la vente et la publicité sur les boissons alcoolisées. Le président «a transmis la loi 6 487 aux services du Premier ministre pour publication» au Journal officiel, a annoncé la Présidence dans un communiqué. La loi entrera en vigueur dès sa publication au Journal officiel. Voté le 24 mai, au terme d'une procédure d'une rare célérité, le texte a été présenté au Parlement par le Parti de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, au nom de la protection de la santé et de la population. Aux termes de cette loi, la vente d'alcool est interdite dans tous les commerces entre 22h 00 et 6h 00 du matin, de même qu'à toute heure à proximité des établissements scolaires et des mosquées. Des messages rappelant les dangers de l'alcool sont désormais obligatoires sur chaque boisson en contenant. De même, le parrainage d'événements sportifs ou autres par les producteurs de boissons alcoolisées est banni, tout comme la présence d'images incitant à sa consommation dans les films projetés en salle, les séries télévisées et les clips musicaux.