Résumé de la 45e partie - Marcelle surprend tout le monde en arrivant un jour avant la date indiquée sur son télégramme... Maintenant elle est sûre de ce dont elle se doutait. Elle sait que nous sommes amants ! Si tu avais senti la haine qui était dans son regard lorsqu'elle m'a regardée !» - «Il ne faut tout de même pas exagérer, Christiane... Pourquoi veux-tu qu'elle ait un tel sentiment contre toi ? Si tu étais infirmière comme elle, je ne dis pas... Elle pourrait redouter de se voir évincée, mais tu n'es heureusement qu'une femme, ma chérie... «Ma femme !» - «Je préfère rentrer au château, Denys.» - «Tu ne veux pas rester dîner avec moi ?»- «Non. Elle n'a peut-être pas faim, mais elle a réussi à me couper l'appétit. Je vais préparer ma valise pendant que tu sors l'auto du garage. Tu veux bien me ramener ?» - «Mais je t'assure, Christiane...» - «Ne dis plus rien. C'est préférable.» Le retour au château fut morne. Christiane ne prononça pas un mot pendant le trajet : je la sentais angoissée. Moi-même je commençais à comprendre que cette Marcelle Davois était en train d'empoisonner lentement mais sûrement notre bonheur. Elle n'était pas avec nous dans l'auto et cependant j'éprouvais la pénible impression de sa présence invisible : elle était là, entre nous deux, nous empêchant de parler, de nous confier tout ce que deux amants ont le droit de se dire... En sortant de la voiture, sur le perron du château, Christiane me dit : - «Rentre vite !» puis elle ajouta, sur un ton de sarcasme que je ne lui avais encore jamais connu - «Dépêche-toi ! Tu pourrais te faire gronder par ta gouvernante !» Et elle s'enfuit en claquant la portière. C'était atroce de terminer ainsi deux semaines merveilleuses... Mais les derniers mots lancés par ma maîtresse résonnèrent en moi d'étrange façon, c'était le coup de fouet qui me dictait la seule conduite à prendre à l'avenir. J'appuyai sur l'accélérateur et je revins très vite en ville, fermement décidé à avoir, une fois pour toutes et tout de suite, avec mon assistante, l'explication qui s'imposait. Ça ne pouvait plus durer : ou elle se montrerait plus aimable avec Christiane, ou elle s'en irait ! Quand j'arrivai sur le palier du premier étage, j'eus un moment d'hésitation : le rai de lumière passait sous sa porte. Sa fatigue n'était donc qu'une comédie ?... Je frappai. Je ne l'aurais jamais fait si j'avais pu lire, avant d'entrer dans sa chambre, ce qu'elle avait déjà eu le temps d'écrire pendant que je ramenais Christiane chez elle. «Ce 19 avril. - Je viens de le trouver avec sa maîtresse qui a profité de ce que je n'étais pas là pour s'installer ici et imprégner toute la maison de sa présence ! Sans doute, si je n'étais rentrée que demain, n'aurais-je rien su ! Ils ont fait l'amour pendant que je me débattais à Paris entre l'envie irraisonnée d'en finir une fois pour toutes avec une vie qui ne m'a apporté que le malheur et le désir de prolonger un peu mon existence si je le pouvais... (A suivre...)