Bilan - Plus d'une trentaine de personnes, dont un officier tchadien de la force africaine, ont été tuées dans les nouvelles violences qui ont éclaté ces dernières 24 heures à Bangui. Dans cette ville l'armée française et la force africaine ont renforcé leurs patrouilles pour prévenir une reprise des tueries. Alors que la capitale centrafricaine retrouvait un semblant de vie normale depuis quelques jours, une intense fusillade a éclaté avant-hier, jeudi, en fin d'après-midi, aux abords de l'aéroport, où les forces françaises et africaines ont établi leur base. Ces tirs ont entraîné une série d'affrontements dans la nuit jusqu'au petit matin, dans plusieurs quartiers de la ville. D'après des témoignages concordants, tout a commencé quand un groupe de combattants de l'ex-rébellion Séléka, se déplaçant en taxi, a eu un accrochage avec des «anti-balaka» (miliciens chrétiens) dans le quartier Gobongo. Des anti-balaka se seraient ensuite infiltrés dans les quartiers avoisinants et se seraient approchés de la base des forces tchadiennes sur l'aéroport, entraînant les tirs des Tchadiens. Selon la présidence, des miliciens anti-balaka ont «attaqué à la grenade le contingent tchadien de la Misca (force africaine) au marché de Gobongo lors d'une patrouille de routine». Cette attaque a «entraîné la mort d'un officier tchadien et plusieurs blessés, notamment parmi les éléments de la Misca», poursuit le communiqué. Une quarantaine de blessés en lien avec ces incidents ont été évacués vers l'hôpital communautaire de Bangui depuis jeudi soir, dont trois sont décédés sur place. «J'étais à la maison, les anti-Balaka sont arrivés avec des kalachnikov et des lance-roquettes. J'ai pris une balle dans le pied», a raconté Hussein Sale. Un autre blessé par balle, Alexandre Billy, affirme qu'il s'est fait tirer dessus par des soldats tchadiens. Un autre encore, Wolosse Ndouni, assure qu'il a été blessé par des Séléka. Après la relative normalisation de ces derniers jours, les avenues et principaux axes de Bangui étaient de nouveau totalement déserts durant la journée d'hier. La circulation automobile a quasiment cessé, avec de rares passants dans les rues et des boutiques aux volets fermés. Un renforcement des patrouilles était visible . «Les patrouilles françaises ont été renforcées à Bangui en raison de la situation tendue depuis hier (jeudi)», a confirmé une source militaire française. La confusion a aussi été alimentée par une manifestation mouvementée au petit matin, à proximité de l'aéroport, de près de 500 personnes exigeant le départ du président et chef de l'ex-rébellion Séléka Michel Djotodia. Elle a été perturbée par des tirs en l'air de soldats tchadiens de la Misca, qui ont un moment suscité la panique puis le mécontentement de la foule. Depuis le 5 décembre, les massacres entre chrétiens et musulmans ont fait près d'un millier de morts dans le pays, selon l'organisation Amnesty international.