Parcours ■ «Fragments d'enfance» est le nom de l'exposition qui se poursuit au Musée d'art moderne d'Alger. Une centaine de photos composent l'exposition dédiée à l'enfance, le pays de toute transparence. Ce sont des images prises sur le vif, des frimousses riantes ou graves, des regards qui traversent l'objectif pour venir nous interpeller. Nous les adultes. Les photos, qu'elles soient prises dans un environnement familial heureux, dans les camps de réfugiés, dans la rue, ou nous faisant découvrir d'autres lieux de la terre, sont la parole du regard de la petite enfance que certainement les photographes, au nombre de 13, portent en eux pour avoir orienté leur objectif et chapardé les visages de l'innocence. Venus d'horizons divers, les photographes, qu'ils soient professionnels, autodidactes, issus du monde de la presse, activant dans d'autres domaines que celui de la photo ont rapporté des portraits et des scènes de vie, où l'on découvre la camaraderie, l'espièglerie, la chaleur, les jeux qui font la petite enfance et les grandes espérances. Djamel Farès a immortalisé en noir et blanc les camps de réfugiés et de ce qui est l'armature quadrillée d'une tente, des pupilles comme enfermées derrière des barreaux. Mohamed Abdelaziz, Fayçal, emporté par la maladie il y a une année, a fixé à jamais les visages des enfants du Grand- Sud. Comme cette fillette de Tamanrasset au sourire éclatant, serrant dans ses bras dans un geste d'amour un chevreau. M'hamed Kerrouche, auteur du livre Algérie, le littoral et les zones Est, a produit un travail défini comme la poésie de la lumière. Un hommage au regretté H'mida Ghazal, connu dans la presse comme le loup blanc, avec ce garçon d'une dizaine d'années coincé entre deux immenses sacs de pain sec, les transportant vers on ne sait où... Nous avons droit également à une déclaration d'amour pour les Indiens par le photographe Farid Hassan. La mémoire vivace par le legs des tenues amérindiennes nous est offerte grandeur nature de ces enfants du bout du monde. Notre continent ne sera pas en reste... Aniss Benmesslem rapporte le regard profond de petits africains «le langage universel» de l'enfance en détresse. Le troisième œil, celui de Réda Zazoun, ingénieur géologue de formation, quant à lui, a capté dans la mémoire de son appareil le jeune vendeur de joujoux à «quat' sous» en con-fiance avec le monde des babioles ainsi que des gamins face à l'horizon et à l'espace marin, une évasion via les pensées du pays des merveilles. Quant à Mustapha Sellali, ce sont les gavroches algériens et l'âge des malices. Les photos relatant le chemin de vie familiale reviennent à Radia Ikezouhène et à Mohamed Harrirèche. Chapelets de souvenirs et de réminiscences qui signent le pacte avec le passé toujours présent. Enfin, on peut voir les photos issues d'un atelier professionnel «Studio Vedette» de la rue Ben-M'hidi. Une série de portraits, de poses perpétuant des dates heureuses et des instants de bonheur. L'exposition fermera ses portes le 8 mars prochain.