Il était une fois au «pays des bonnets de coton», un homme qui n'avait pas d'argent. Loin de s'en préoccuper, il décide un beau jour de se faire construire une superbe maison à pans de bois, construction typique dans sa ville. Contrairement à ses voisins, il veut que les murs ne soient pas recouverts de crépi qui imite la pierre de taille comme il est de coutume de le faire pour cacher une façade «trop pauvre» pour être montrée. La maison est située dans un quartier qui porte le nom de «bouchon de champagne» car il épouse la forme d'un bouchon de champagne. La maison est presque terminée lorsqu'il se rend compte de sa bêtise. Dans sept jours, les ouvriers vont venir chercher leur paie. Que va-t-il bien pouvoir leur dire ? Il n'a pas le sou... Il a beau tourner et retourner le problème dans sa tête, il ne trouve pas de solution. Désespéré, il quitte la ville et se dirige vers la forêt bien décidé à y rester pour toujours. Jamais il ne remettra les pieds chez lui. Il a une dernière pensée pour sa femme qu'il aime mais il est trop honteux. Il marche longtemps dans la forêt. Il est toujours perdu dans ses pensées, quand au détour d'une clairière, il rencontre un démon. —«Bonjour l'ami !»dit ce dernier avec un sourire a damner un saint. «Tu sembles bien triste, raconte-moi tes soucis». D'abord surpris, il s'arrête mais comme il n'a plus rien à perdre, il entreprend de raconter son histoire. —«Je voulais éblouir la ville et j'ai fait construire une superbe maison mais je n'ai pas le sou et dans sept jours, les ouvriers vont venir demander leur paie. Je ne sais pas quoi faire. Ma femme n'en sait rien et jamais plus je n'oserai rentrer chez moi». —«Je vais pouvoir t'aider. Fais une autre tête. Rentre chez toi ; je vais te donner un sac rempli de pièces d'or et un sac rempli de pièces d'argent mais en échange, tu devras me remettre dans vingt ans ce que tu trouveras dans ta demeure». Trop heureux d'un dénouement aussi facile, notre homme accepte avec empressement et rentre chez lui. Pendant son absence, sa femme a mis au monde un très bel enfant. C'est un garçon qu'ils prénomment Alain et qu'ils élèvent avec la plus grande attention. Il bénéficie de l'enseignement des meilleurs précepteurs, il est habillé avec des habits coupés dans les meilleurs tissus par les meilleurs tailleurs. Ils vivent très heureux. Tout pourrait être pour le mieux si l'enfant ne se rendait compte de la tristesse perpétuelle de son père. Un jour, l'enfant devenu un jeune homme perspicace, à l'approche de ses vingt ans, demande à son précepteur pourquoi son père est toujours aussi maussade et a souvent des larmes dans les yeux lorsqu'il le regarde. (A suivre...)