Bilan ■ L'Irak a été frappé par de nouvelles violences qui ont fait 79 morts ces dernières 24 heures, faisant craindre une journée noire lors des législatives de demain. Au moins 15 personnes sont mortes ce mardi dans un double attentat contre un marché de l'est de l'Irak. Les deux bombes ont explosé à Saadiyah, près de la ville de Khanaqin. Ce double attentat intervient à la veille des élections législatives, les premières depuis le départ des troupes américaines du pays fin 2011. Hier, plusieurs personnes ont péri dans une série d'attentats visant notamment les forces de sécurité, qui votaient deux jours avant le reste de l'Irak, afin de pouvoir surveiller le scrutin. Ainsi le vote des forces de sécurité irakiennes a été endeuillé par une série d'attentats qui a fait au moins 64 morts, laissant présager le pire pour les élections législatives de demain. La plupart des attentats d'hier ont été perpétrés par des kamikazes contre des bureaux de vote. Des convois de l'armée et un rassemblement ont également été pris pour cible. L'attaque la plus meurtrière a frappé le nord-est du pays, où un kamikaze a tué au moins 30 personnes lors d'un rassemblement de partisans du président irakien Jalal Talabani, un Kurde, hospitalisé en Allemagne depuis 2012. Les victimes s'étaient rassemblées dans les rues de Khanaqin, ville majoritairement kurde près de la frontière iranienne, pour célébrer la diffusion d'une vidéo montrant, selon la chaîne de télévision, M. Talabani en train de voter. «Je voulais me rendre aux bureaux de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) pour faire la fête» après avoir vu la vidéo, a raconté Younès Khalil. «D'un coup, nous avons entendu une grosse explosion. J'ai voulu faire demi-tour avec ma voiture, mais je n'ai pas pu car les gens couraient vers moi, leurs habits pleins de sang», a ajouté cet étudiant de 22 ans. A Kirkouk, au nord de Bagdad, deux attentats suicide contre des bureaux de vote ont fait 9 morts, et une bombe contre un convoi a tué un soldat. Plus au Nord, Mossoul a été frappée par plusieurs attaques, dont deux attentats suicide qui ont fait 8 blessés. En outre, au moins six journalistes irakiens ont été blessés dans l'attaque du bus qui les transportait vers un bureau de vote de la ville. Dans la capitale, un kamikaze a fait détoner sa charge dans un bureau de vote, tuant 7 policiers et blessant 15 autres. Lors des précédentes législatives, en 2010, des attentats avaient fait près de 40 morts et des dizaines de blessés. Depuis, l'Irak s'est enfoncé dans une nouvelle spirale de violences, qui a fait près de 3 000 morts depuis le début de l'année, dont quelque 600 membres des forces de sécurité. Craignant une escalade à l'approche du vote, les autorités ont décrété 5 jours fériés — de dimanche à jeudi — pour tenter de sécuriser le scrutin, auquel un peu plus de 20 millions d'électeurs sont inscrits. Plus de 9 000 candidats sont en lice pour 328 sièges de députés. Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, candidat à un troisième mandat, est donné favori en l'absence d'un véritable adversaire et face à une opposition divisée. La spirale de violences a placé la situation sécuritaire au cœur des débats, alors que certaines zones, tombées aux mains d'insurgés dont des jihadistes, ne pourront probablement pas voter.