Si l'homme qui veut se marier s'arme de méfiance, la femme, elle, doit chercher le mariage car, dit-on, zwadj setra (le mariage est une protection), c'est-à-dire qu?il assure le gîte et le couvert à la femme. Dans la société traditionnelle, la femme ne travaille pas, c'est une éternelle assistée qui a toujours besoin qu'un homme, de préférence un mari, s?occupe d'elle ! La femme aussi doit manifester de la méfiance à l'égard de son époux : d?argaz-iw da'âdawiw, dit le dicton kabyle, (mon mari est mon ennemi) ; cela veut dire qu'elle ne doit pas lui faire de confidences qui pourraient se retourner contre elle ! Cet état d'esprit a encore cours aujourd'hui, notamment dans les milieux conservateurs où la femme occupe toujours une position inférieure. Revenons à la fête, l?ars, tameghra, sans laquelle il n'y a pas de mariage. Même si la fête ne dure que quelques jours, la préparation prend, elle, beaucoup de temps : zzwadj lila, 'âm tmermida (fête d'une nuit, tracas d'une année !) Quand on sait les efforts que demande une noce, on ne peut qu'approuver ce proverbe : il faut amasser l'argent nécessaire à la constitution du trousseau de la mariée, préparer la nourriture que l'on doit consommer, acheter les meubles, les accessoires... Le marié a beau avoir de l'argent, il en manque toujours, les dépenses étant considérables : mâl la'âris murkhis (l'argent du marié n'a pas de valeur !) dit le proverbe. Le mot 'ârs, fête, est employé, comme terme de menace, exactement comme en français : 'aârs-ek ! (c'est ta fête ! Tu vas passer un mauvais moment !). De celui qui se fatigue pour rien, qui se mêle des problèmes des autres, on dit : mul l'ârs, yet'âres, lmahbul, yetheres (le maître de la fête passe du bon temps, celui qui se tracasse pour lui ne récolte que fatigue !).