La chéchia n'est plus en vogue, aujourd'hui, que dans les campagnes. Mais qui ne connaît la fameuse calotte de couleur rouge, avec un petit pompon noir ? Debbar 'ala qmejtek (occupe-toi de ta chemise) dit-on aujourd'hui à quelqu'un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ; debbar 'ala chachitek (occupe-toi de ta chéchia), disait-on autrefois. Et la sagesse populaire continue à dire kul wahed fi chachito (chacun dans sa chéchia) pour dire que chacun est responsable de ses actes. Une étymologie répandue rattache le mot chéchia à chèche, étoffe de mousseline utilisée pour confectionner le turban que l'on enroule autour de la calotte. D'ailleurs, le mot chèche est utilisé, en concurrence avec le mot 'âmama pour désigner le turban. Mais il semble que cette étymologie n'est pas la bonne. En effet, quand on se rapporte aux anciens ouvrages, le mot chéchia n'a pas de rapport avec le mot chèche. Ainsi, dans son dictionnaire des pays, Al-Békri écrit : «C'est du pays de Chach que la chéchia tire son nom.» Chach, nous apprennent d'autres ouvrages, est une contrée d'Asie mineure habitée par une population d'origine turque. D'ailleurs, le mot chéchia, que certains disent maghrébin, se retrouve en Orient et ce, depuis longtemps, comme en témoigne ce passage d'Al-Djahidh où un Turc vante les produits de son pays : «Nous avons des bardes, des clochettes, des côtes, des feutres... et des bonnets de Chach.» C'est à force d'être associé au nom de la ville dont il est originaire que le bonnet est devenu chéchia. L?objet et le mot ont dû être introduits en Algérie et au Maghreb à l'époque turque. Aujourd'hui, le mot a pris un sens encore plus large, désignant toutes sortes de calottes, quels que soient leur provenance et le tissu dans lequel elles ont été confectionnées. Signalons quand même que certaines chéchias, comme celles qui sont fabriquées en Tunisie, sont très prisées.