Constat En matière de surveillance des prix et, sous prétexte du marché, les pouvoirs publics semblent confinés dans un hors-jeu presque délibéré. Selon toute vraisemblance, les prix de nombre de produits de large consommation vont connaître des hausses ce mois en cours, ou au plus tard, à la prochaine rentrée sociale. Les multiples spéculations de la presse et des citoyens sur le sujet et leur corollaire immédiat, les annonces de démenti des services du ministère du Commerce, sont des signes qui ne trompent pas. En effet, à la faveur d?une probable loi de finances complémentaire pour l?année 2004, une série d?augmentation de prix de produits relevant de différents secteurs est dans l?air. Ainsi, les tarifs de l?eau et le prix du pain et du lait ont été au centre d?un large questionnement de l?opinion publique nationale ces dernières semaines. Les prix de ces deux derniers produits qui relèvent de ce qu?on appelle des prix réglementés, sont définis, en principe, par le décret exécutif de 1996 fixant les prix de la baguette et du quintal de la farine. En cas de hausse du prix de ces produits, le chef de l?Exécutif devra promulguer un nouveau décret dont les effets d?entraînements ne manqueront pas d?avoir des répercussions sur l?ensemble des prix du commerce de détail. C?est que les prix des autres produits sont déjà libres depuis quelques années et obéissent théoriquement à l?implacable loi de l?offre et de la demande codifiée en Algérie par décret. Aussi, sous prétexte de liberté des prix et d?économie dite de marché, une indescriptible anarchie règne dans la sphère commerciale de détail et la fonction de régulation de celle-ci par l?Etat est réduite à sa portion congrue. Résultat : les prix n?obéissent souvent à aucune logique économique ou commerciale et les citoyens se demandent à quoi peuvent bien servir tous les services de la tutelle s?ils n?ont aucune prise non seulement sur la grille des prix, mais également sur les autres volets non moins essentiels comme la qualité des produits et leur hygiène. Défauts d?étiquetage, et d?affichage des prix sur les produits à vendre, sur-facturation ou facturation douteuse, évasion fiscale, vente de produits périmés ou dangereux pour la santé des consommateurs? sont ainsi devenus presque la norme dans les circuits commerciaux du pays. D?ailleurs, sans demander l?avis des consommateurs sur le sujet, il est quasiment acquis que la grande réflexion qui s?impose désormais, après presque une décennie de libéralisation tous azimuts des prix de pratiquement tout ce qui se vend et s?achète dans le pays, est de savoir si la recherche effrénée du profit doit se faire sur le dos du consommateur sans que les institutions et autres organismes de l?Etat puissent jouer leur rôle d?arbitre et de régulateur dans le processus des transactions. Dans ce cadre de «laisser faire» presque institutionnel et de mot d?ordre d?«enrichissez-vous» qui ne veut pas dire son nom, c?est le petit consommateur, qui se retrouve malgré lui dans une véritable jungle des prix et des tarifs, qui paie l?addition. Il est vrai qu?en Algérie on a oublié que l?économie de marché a ses propres normes et règles et qu?en matière des prix il y a souvent un mouvement dialectique entre les hausses et les baisses actionné naturellement par une «main invisible» du marché.