Alger «Ecoutez, mes enfants, votre mère est coupable du pire délit. Elle m?a trahi avec un autre homme», dira-t-il à ses enfants. Il est là, au coin de la rue, toujours aussi mignon et bien vêtu, se dit Mounira en apercevant le jeune homme adossé au mur. Elle emprunte le même trajet. Il est là, derrière elle, et il la suit discrètement comme il l?a fait bien des fois, jetant des regards furtifs pour s?assurer que son soupirant est dans son sillage. Aujourd?hui, elle est décidée à précipiter les choses, elle longe le mur de l?avenue et s?apprête à tourner. Mehdi lui fait alors un geste discret et lui demande de s?arrêter. Elle ne se fait pas prier. «Puis-je avoir un entretien avec vous ? C?est quelque chose de très sérieux. Je vous assure. Disons demain à 16 heures à la crémerie ??Les glaces??.» Sans prendre le temps de réfléchir, elle dit oui. Le lendemain elle met plus de soin à sa tenue et à son maquillage et court à son rendez-vous. Son soupirant est là. Mehdi est un jeune commerçant de 30 ans. Cela fait quelques mois qu?il l?a remarquée. Mounira, jeune enseignante, est tout à fait son genre, pourvu qu?ils aient des affinités et des atomes crochus. Il est prêt. D?ailleurs il n?a pas cessé de prier en son for intérieur pour qu?elle corresponde à la femme qu?il a toujours souhaité avoir pour épouse. Plus tard, une brûlante relation les lie pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Ils se marient quelque temps après. Tout le monde est fasciné par ce couple et on leur prédit un bonheur dont seule la mort aura raison. Une année plus tard, un magnifique poupon, Fodil, vient égayer leur foyer, puis ce sont Hind, Dalel. L?époux remercie Dieu de lui avoir donné une perle aussi rare. Il la gâte et ses moindres envies deviennent une priorité pour lui. Elle est coquette et suscite beaucoup d?admiration dans son entourage. On lui envie ses toilettes, ses sorties, ses voyages. Elle rend souvent visite à ses cousines à Béjaïa. A cela, son mari ne trouve rien à redire. Il lui voue une confiance aveugle. Pendant les vacances d?été, il lui loue un bungalow à Béjaïa, là où son ami Fethi passe les vacances. Il lui téléphone souvent. Un jour Fethi l?appelle et lui demande de le rejoindre au complexe. Tôt le matin, il monte dans sa belle voiture et démarre. Il est près de 11 h 30. Fethi le reçoit. Tous les deux se dirigent vers le restaurant, les deux amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps discutent à bâtons rompus tout en dégustant un succulent repas. Ils évoquent plein de beaux souvenirs qui les font rire aux éclats, vers 14 h, ils quittent le resto et vont flâner dans le complexe. Soudain, Mehdi croit apercevoir une silhouette qui ne lui est pas étrangère c?est une jeune femme accompagnée d?un homme à l?allure distinguée et les deux se dirigent vers l?hôtel. Son c?ur bat la chamade. Cette femme ressemble étrangement à son épouse. Il presse le pas courant presque : il veut en avoir le c?ur net, alors, au moment où la femme se retourne pour fermer la porte de la chambre. Il frôle la syncope. Il n?en revient pas et il a des sueurs froides car c?est bien elle ! Mounira ! Son ami, lui, ne comprend rien. Mehdi tambourine à la porte. Un homme, un inconnu, ouvre et tombe nez-à-nez avec l?infortuné ami. Mounira jette alors un regard par l?entrebâillement de la porte et pâlit, il la regarde ou plutôt la toise. Aucun mot ne sort de sa bouche. Il est interloqué puis, il tourne les talons et se sauve. Il est comme fou. Il la méprise ! Le choc est trop fort pour lui. Il rentre à Alger quelques heures plus tard, Mehdi dépose plainte contre son épouse pour adultère. Il a du mal à se ressaisir. Il sait que la vérité fera voler en éclats sa famille, que la honte lui fera baisser la tête. «Ecoutez mes enfants votre mère est coupable du pire délit. Elle m?a trahi avec un autre homme», dira-t-il à ses enfants. Son fils se cogne la tête contre le mur, la relation de Mounira et Mehdi s?achève dans les regrets, les larmes et les déchirements, mais le cauchemar de Mehdi vient de prendre fin. Les deux accusés sont jugés par le tribunal d?Alger le 18 juillet 2004, le juge prononce une peine de 2 ans de prison ferme à l?encontre de l?épouse infidèle et de son amant.