Résumé de la 6e partie Mustapha apprend que Sonia, pour laquelle il a fait de la prison, s'est mariée ou est sur le point de l?être. Des anciens copains, le voyant pour la première fois depuis sa sortie de prison, le hèlent, mais il se contente de leur faire signe. Il ne veut parler à personne. D'ailleurs, il presse le pas, vivement qu'il quitte le quartier. Instinctivement, il se dirige vers le terrain vague où, enfant, il venait, avec les autres enfants du quartier, jouer au ballon. Comme c'est encore l'heure des classes, il n?y a personne. lI escalade une sorte de butte et s'assoit à même le sol. On veut lui enlever Sonia ! Sonia pour laquelle il a tué un homme, Sonia pour laquelle il a passé cinq années derrière les barreaux... Cinq années de sa vie ! Comment son père, qui lui est pourtant apparenté, a-t-il osé lui faire cela ? Il oublie que sans son intervention, sa fille aurait été déshonorée ? Il oublie aussi que Sonia et lui sont fiancés et qu'il ne peut rompre de son propre chef des liens que les jeunes gens ont décidé de tisser ! Et puis, que peut lui reprocher Tahar, ce père indigne, cet oncle ingrat dont il a sauvé la fille ? De faire de la prison ? Mais c'est pour sa fille qu'il a fait de la prison : un autre lui aurait témoigné de la reconnaissance toute sa vie ! Dans sa colère, Mustapha n'incrimine que Tahar, le père de Sonia. Il ne lui vient pas à l'idée que la jeune femme ait, elle aussi, décidé de le laisser tomber, qu'elle ait renoncé à l'attendre. «C'est lui, c'est lui ! Il a honte d'avoir un gendre qui a fait de la prison, il a honte qu'on parle de lui, qu'on le montre du doigt !» Il pense à Sonia et il la plaint d'avoir un tel monstre pour père. Il est sûr qu'il l'a forcée à renoncer à lui. Il a dû lui faire un chantage du genre : «Si tu l'épouses tu n'es plus ma fille !». Que peut-elle faire sinon ravaler ses larmes et accepter son sort ? Sonia... Il se rappelle les premières lettres qu'elle lui envoyait en prison, par l'intermédiaire de sa mère : «Je t'aime et je n'aimerai jamais que toi !». Elle le remerciait aussi de l'avoir sauvée des mains des malfrats. «Sans toi, j'aurais été déshonorée, sans toi, j'aurais été souillée». Et elle finissait toujours par cette phrase qui lui mettait du baume au c?ur et l'aidait à résister au désespoir : «Je t'attendrai, jamais je n'épouserai un autre que toi !». Et cette fille, aujourd'hui, de le délaisser ? Il ne peut le croire. Ali, son frère, a dit que son père a décidé de la marier? Mustapha cherche les mots exacts qu'il a employés : oui, il a bien dit : «Il veut la marier». Ce qui signifie qu'elle ne l?est pas encore. Mais alors, se dit-il, le c?ur plein d'espoir, il n'est pas trop tard... Sonia est seulement promise, elle n'est pas mariée ! Il se lève, descend de la butte et se met à faire des grands pas, aIlant et venant. Rien n'est perdu, tout est possible ! Il va aller sans tarder dire au père de Sonia, qui ne doit pas le savoir sorti de prison, qu'il va commencer une vie nouvelle. Son père lui a même trouvé du travail, dans quelques mois, il pourra louer un appartement et épouser Sonia... On lui doit bien cela, lui qui s'est battu pour l'honneur de la jeune fille, lui qui est allé en prison pour elle... Il pense retourner à la maison, prendre sa mère et son père, mais il se dit que cela pourrait être perçu comme un signe de faiblesse. C'est à lui et à lui seuI de défendre sa cause. (A suivre...)