Résumé de la 5e partie Le beau-frère de Rufus assiste à la représentation du lapin blanc, il le reconnaît tout de suite et revient le chercher accompagné de policiers. Ce n'est pas un simple contrôle d'identité. On n'a pas le droit, lorsqu'on est président de la Clark Paint Oil and Glass Company, de devenir clown... et encore moins lapin blanc. Une heure encore et, dans le bureau de la police locale, le lapin blanc, le directeur du cirque et le beau-frère sont réunis. Dans son survêtement jaune délavé, avec son foulard rouge, le vieux clown est là aussi, avec ses sourcils en accent grave comme deux énormes larmes. Déjà, à quelques centaines de mètres de là, on abat la toile du chapiteau qui doit partir dans la nuit pour un petit bourg de l'Alabama. Sur le visage du lapin blanc, pendant le temps où les policiers et le beau-frère se sont enfermés avec lui dans le bureau de la police, une bizarre transformation s'est produite. Sévère et sérieux, il lit le procès-verbal et le signe avec application. ? Je dois être victime d'amnésie, dit-il. Un peu plus tard, belle, distinguée, digne, la femme de Rufus fait son apparition dans le commissariat. Elle hésite, horrifiée, en voyant le lapin blanc. Enfin, elle se jette dans ses bras. ? Rufus ! Rufus ! Un sanglot la secoue ; le lapin blanc reste calme et glacé. On dirait une voix de ventriloque lorsqu'il répond : ? Hello, Hélène ! Un peu plus tard, dans la ville déserte, une voiture attend devant le bureau de police. La femme du président de la Clark Paint Oil and Glass Company s?assoit sur la banquette? et Rufus la suit. Avant que la portière ne se referme, le vieux clown se précipite. Il veut saisir la main de ce lapin blanc qui, déjà, le reconnaît à peine. Mais le beau-frère le retient. ? Allons, monsieur, tout ça est très triste, un peu de dignité. Mais dans la rue silencieuse, le vieil homme hurle au moment où le chauffeur met le contact : ? Tu peux revenir quand tu veux Dave ! N?importe quand. Ne les crois pas ! Moi je te dis que tu es un clown. Le beau-frère, furieux, ne se contient plus. ? Taisez-vous donc, vieil imbécile ! Comme si c?était une gloire d?être clown. C?est le directeur qui aura le dernier mot. ? Vous ne devriez pas parler comme ça. Ce n?est pas une gloire de s?enrichir en vendant à des millions de gens l?huile qu?on a puisée dans la terre. Mais c?en est une que de leur vendre, pour vingt-cinq dollars par semaine, le rire qu?on arrache de ses tripes.