Ecriture ■ L'auteur, qui vit en Italie depuis deux décennies et qui écrit dans la langue du pays, donne un aperçu réel du contexte social dans lequel évolue la société turinoise. San Salvario est un quartier multi-ethnique de la ville de Turin (Torino en italien), c'est dans cette partie de la cité séculaire italienne et où un grand nombre d'étrangers venus de tous horizons se côtoient que l'écrivain, Amara Lakhous, a situé son dernier roman, «Querelle autour d'un petit cochon italianissime à San Salvario» paru aux éditions Actes Sud (France), puis réédité par Barzakh (Algérie). L'histoire, écrite en italien, oscille dans un climat maffieux, policier, journalistique, le tout enveloppé d'esprit cocasse, donnant au texte écrit à la première personne du singulier une teneur presque intime. Enzo, personnage principal du roman est journaliste. Apres l'assassinat de quatre Albanais, il invente une histoire de gangs entre Roumains et Albanais, qu'il présente comme exclusivité à son journal. Pris par l'engrenage de son mensonge médiatique, il est dans l'obligation de poursuivre ses investigations «mystificatrices». Pour cela, Enzo fera appel à un copain imitateur qui jouera le rôle des différents «supposés » informateurs du journaliste. Entre une famille envahissante, un patron de journal ravi par le scoop sur le gang de San Salvario, Joseph le Nigérian, en butte avec la communauté musulmane pour avoir souillé la mosquée en y introduisant Gino le cochon, Enzo se démène, emporté par son mensonge. Onze chapitres composent le roman d'Amara Lakhous. Ils rappellent, entre autres, la sinistre histoire de la mafia italienne, évoquant les clans les plus médiatisés, que l'écrivain confronte aux faus- ses informations du journaliste. Là également l'écrivain met en évidence les écarts d'une presse malhonnête. L'auteur, qui vit en Italie depuis deux décennies et écrit dans la langue du pays, donne un perçu réel du contexte social dans lequel évolue la société turinoise. On sait que Turin a hébergé une des plus grands usines automobiles, à savoir « Fiat » qui a été le pourvoyeur d'emplois pour des travailleurs de tous les pays. L'ère faste de l'industrie s'étant épuisée, Turin affaiblie économiquement, est devenu selon l'écrivain, une ville où se cohabitent trafic de drogue et prostitution. Le visage absurde sinon raciste, d'une société encline à la xénophobie est l'un des volets que Lakhous dénonce dans son livre. Il dresse un tableau absurde sur les oppositions communautaires, qu'elles soient entre autochtones et émigrés des pays de l'est et migrants musulmans, attisent les esprits contre tout ce qui est différent de soi, avec une négation aveugle envers l'étranger. Tout cela raconté avec esprit et une plume à peine caustique, ce qui donne un récit qui sort de l'ordinaire. Journaliste, anthropologue et romancier, traducteur, Trilingue, Amara Lakhous est né en 1970 à Alger. Elève dans une école coranique durant les premières années de son instruction, ce qui donnera lieu à une maitrise parfaite de la langue arabe, il apprend le français dans le cycle du secondaire. Il poursuivra des études de philosophie à l'université d'Alger. En 1995, il part pour l'Italie où il réside.