Résumé de la 89e partie ■ Le prêtre propose à Claire de se pencher sur le sort des femmes dans les prisons et qui subissent de lourdes peines de réclusion... Il avait eu la réponse à la question qui le tourmentait depuis longtemps et, comme il l'espérait, cette réponse ne l'avait pas obligé à enlever son estime à Claire. Certes, elle avait tué, mais de combien de souffrances et de meurtrissures sa vie avait été jalonnée avant ce drame ! A l'évidence, des circonstances très atténuantes plaidaient en sa faveur. Et c'est sans doute pour cela que le Tout-Puissant avait permis qu'elle restât en liberté... Dans la petite chambre de la maison de retraite, un profond silence s'était installé. La visiteuse avait fini de raconter. son histoire au père Gourny, et ce dernier n'avait pas encore dit un mot. Au cours de sa carrière, il avait entendu nombre de confessions, mais aucune ne ressemblait à celle-ci! Quand son interlocutrice s'était tue, il avait cru s'apercevoir que son regard perdait de cette inquiétude qu'il lui avait toujours connue. Maintenant, les grands yeux sombres de la visiteuse brulaient d'un feu limpide qui évoquait l'apaisement. L'aumônier se décida enfin à parler : — Mon enfant... ce n'est pas une confession que vous venez de me faire. Je comprends d'ailleurs que ce n'était pas ce que vous souhaitiez, sinon vous ne m'auriez pas demandé de venir chez vous. Disons que vous m'avez raconté une partie de votre vie, et que ce récit, j'en conviens, n'est pas fait pour tomber dans certaines oreilles profanes. Je ne vous accorderai pas l'absolution, puisque vous ne me l'avez pas demandée. Mais je crois qu'il est de mon devoir de prêtre de vous poser quelques questions qui me permettront d'y voir plus clair et peut-être de pouvoir utilement vous conseiller. C'est bien cela que vous voulez, n'est-ce pas ? — Oui, mon père. — Première questioh: pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de tout me raconter seulement aujourd'hui, alors que nous nous fréquentons depuis cinq ans ? — C'est à cause du suicide d'Eliane. J'ai été bouleversée. — A ce point ? Pourtant, je ne vois pas en quoi la disparition de cette malheureuse femme pouvait vous concerner d'aussi près. Vous n'étiez pas sa parente et vous n'avez aucune responsabilité dans sa mort. — C'est précisément ce dont je ne suis pas certaine, mon père. — Comment cela ? — J'ai été sa rivale. C'est même à cause de cela que j'ai voulu vous parler. — Sa rivale ? Et dans quoi, Grand Dieu ? Que s'est-il passé entre vous deux ? — Il s'est passé que nous avons été trois... — Trois ? — Oui. Elle, moi et mon amant. — Votre. amant ? Vous aviez donc un amant, malgré la vie de renoncement à laquelle vous vous étiez soumise ? — Oui, je l'avoue. J'ai eu un amant. Je l'ai même rencontré ici. Mais rassurez-vous: il n'est plus mon amant. A suivre