A quelques mois du baccalauréat et devant le refus du Cnapeste de suspendre le débrayage, les élèves devraient se contenter des cours télévisuels et de CD contenant tous les cours de terminale. Un code d'accès leur sera communiqué pour leur permettre de suivre les cours sur le site de l'Onefd, précise la ministre de l'Education en annonçant, hier, des mesures d'exception. Les directeurs pourront aussi faire appel à des enseignants, des stagiaires d'ENS en fin de cycle, ainsi qu'à des retraités. L'équipe pédagogique de l'établissement a enfin toute la latitude de réaménager et réguler le rythme et la progression des cours. Il s'agit notamment du renforcement de la responsabilité pédagogique de l'équipe dirigeante au sein de l'établissement scolaire, a indiqué, hier, la ministre de l'Education. L'équipe pédagogique de l'établissement a, ainsi, toute la latitude de réaménager et de réguler le rythme et la progression des apprentissages, a précisé Nouria Benghebrit. Aussi, a-t-elle ajouté, des instructions ont été données aux responsables de wilaya pour mettre à la disposition des élèves, plusieurs dispositifs de soutien et d'accompagnement. On parle notamment de cours télévisuels (mardi de 19h30 à 20h30 et samedi 8h30-9h30 et 19h10-20h), la mise à la disposition des élèves des cours scénarisés de l'Onfed pour tous les élèves de terminal sur CD, avec accès à la plate-forme de l'Onfed pour les évaluations et autres ressources, blog d'enseignement, mobilisation de toutes les ressources humaines (retraités, parents d'élève, étudiants en fin de cycle, les professeurs de l'ENS, Anem...) ainsi que toutes les ressources financières pour accompagner ce processus. Benghebrit a, par ailleurs, appelé tous les personnels de l'éducation à mettre en œuvre tous les moyens pour garantir à l'élève un accompagnement par les pairs dans les travaux de groupe. Il est aussi question de laisser les établissements scolaire à la disposition de toutes les initiatives de type pédagogique à savoir l'utilisation des amphithéâtres pour projection des cours élaborés par l'Onfed, ainsi que l'exploitation collective des ressources numériques contenues dans la plate-forme (simulation, activités, autocorrection...). S'agissant de la possibilité de remplacer les enseignants grévistes pour rattraper les cours, Benghebrit a indiqué qu'il «ne s'agissait pas de remplacement, le ministère a fait appel à des enseignants retraités pour l'accompagnement et le soutien des élèves». L'évaluation menée par les inspecteurs durant les 1er et 2e trimestres, démontre une exécution entre 70 à 75% du programme, ce qui constitue une avancée par rapport aux années précédentes où, à la même période, le taux d'exécution ne dépassait pas les 55%, a rappelé la ministre. Mais face au climat généré par ce mouvement de grève qui a influé sur la motivation des élèves et pourrait aboutir au décrochage scolaire, Benghebrit entend mettre en œuvre l'initiative de renouvellement pédagogique à travers l'enseignement à distance et l'utilisation de l'informatique. Le recours à la ponction sur salaires des enseignants grévistes, une mission confiée aux directeurs des établissements éducatifs et des directeurs de l'éducation de wilaya est l'autre décision annoncée par le département de Benghebrit. «La grève illimitée observée par le Cnapeste est illégale et nous avons pris les mesures qui s'imposent en appliquant la loi», a-t-elle affirmé, assurant que le syndicat recourait de manière «abusive» au droit à la grève. Pour la ministre, les 14 revendications soulevées par le Cnapeste «ont été prises en charge par le ministère», soulignant que certains points dépassaient les prérogatives de la tutelle et les lois en vigueur telle la promotion systématique. Assia Boucetta Des cours sur CD Les réserves des syndicats En réaction aux dernières mesures prises par la ministre de l'éducation quant à la mise à la disposition des élèves des cours télévisés ou sur CD, le chargé de communication du Cnapeste contacté ce matin, affirme qu' :«il est impossible de garantir une formation de base aux élèves à travers ces moyens pédagogiques. Nous ne sommes pas mieux que les Américains voyons ! Cette décision prise par la ministre est «arbitraire ! «Nul ne peut remplacer l'enseignant dans la scolarisation de l'élève», a-t-il tranché, qualifiant ces mesures de «gravissime», dans la mesure où, ils portent atteinte à la «dignité» des enseignants du secondaire et du technique. «Nous refusons d'endosser la responsabilité des pertes des cours». «C'est en fait du ressort de la ministre de trouver une meilleure solution pour sortir l'école de cette crise et faire en sorte que les enseignants retrouvent le chemin des classes et ce, pour préserver l'intérêt de l'élève», a-t-il préconisé refusant de parler de la moindre concession des enseignants. L'orateur insiste par contre sur l'importance des concessions que doit engager la ministre.