Cherarba : à 20 km d?Alger, c?est le quartier des absurdités. Pas de gaz, pas de téléphone, mais des écoles dont une partie est squattée par des magasins et des logements personnels. «Vous êtes bien à Cherarba !», répond un homme d?une soixantaine d?années à notre question de savoir si la localité était encore loin. C?est que pour trouver le chemin menant à ce «coin perdu de la capitale», pour reprendre l?expression d?un jeune, il faut nécessairement faire appel aux habitants de la région. Et pour cause : le seul panneau sur lequel est inscrit le nom du quartier se trouve à terre «depuis quelque temps», dit-on. Traversée par la RN 6, Cherarba donne l?impression d?être une commune au vu de sa superficie et du nombre de ses habitants. Mais en vérité, elle n?est qu?un quartier de la commune des Eucalyptus. En ce dimanche bien chaud du mois de septembre, ses habitants vaquent «comme d?habitude» à leurs occupations. Les quelque 44 degrés ne semblent pas les perturber. Ils y sont habitués. Pour l?un d?eux, la région rime avec chaleur. «Esskhana oual kalitous», affirme-t-il en substance. Leur problème, ce n?est donc pas la chaleur, mais le gaz de ville et le téléphone fixe. Plus de 40 ans après l?Indépendance, le quartier, distant d?une vingtaine de kilomètres d?Alger et peuplé d?un peu plus de 45 000 âmes, n?est toujours pas doté de téléphone fixe, ni alimenté en gaz de ville. «Dans tout Cherarba, il n?y a qu?un seul taxiphone. Les autorités n?ont jamais pensé à nous doter de téléphone fixe. S?agissant du gaz de ville, un projet a été certes initié, mais il a été bloqué par la population, car il n?était destiné qu?aux nouvelles cités du quartier.» Heureusement pour eux qu?il y a le téléphone mobile et les bouteilles de gaz ! Cela même si de l?avis de âmmi Mohammed, âgé d?environ 70 ans, «le portable n?est pas à la portée de tout le monde», et que «le prix de la bouteille de gaz atteint 200 DA en hiver», selon un dirigeant d?une association sociale qui souligne, par ailleurs, que la plupart des jeunes de Cherarba sont au chômage. «Il suffit de se rendre dans les cafés pour le constater», dit-il à ce propos. Last but not least, les ordures ménagères sont un autre problème qui empoisonne la vie des habitants du coin. Si du côté de l?APC, l?on estime que «la situation s?est nettement améliorée par rapport aux années précédentes avec l?acquisition de plusieurs véhicules destinés au ramassage des ordures», la population considère que le problème est loin d?être réglé. «La preuve est que les immondices sont partout.»