Le documentaire français «Les messagers», mettant en lumière le drame des migrants subsahariens, a été projeté dimanche soir en hors compétition au Festival de Annaba du film méditerranéen (Fafm). Coréalisé par les réalisatrices françaises Hélène Crouzillat et Laetitia Tura, ce film, sorti en 2015, donne la parole aux migrants qui racontent les exactions et les mauvais traitements inhumains qu'ils subissent. Recueillis auprès de migrants subsahariens, ces rescapés de naufrages témoignent face à la caméra la façon dont ils frôlé la mort, qui a emporté leurs compagnons de route. Emouvant, le documentaire s'interroge sur la mort et la disparition de migrants subsahariens qui ont tenté de rejoindre clandestinement la frontière espagnole via le Maroc. Le documentaire se déroule dans un décor naturel. Des éléments naturels, comme la mer, le désert et les sépultures, renvoient à un milieu hostile et dangereux et donnent au film une dimension universelle. Le choix de plans cadrés et d'images fixes est imposé par le sujet du documentaire, focalisé sur le message des migrants. Notons qu'une conférence consacrée au phénomène de «l'émigration clandestine en Méditerranée» a été organisée, avant la projection du film. Le cinéma, un art de l'image et du son, est un outil efficace pour rendre compte du drame des migrants clandestins, mus par de «faux rêves d'eldorado», a estimé le cinéaste et enseignant universitaire oranais, Mohamed Bensalah. Cet intervenant, évoquant les raisons qui conduisent des jeunes à braver la mer à la recherche d'une prétendue «vie meilleure», a considéré que les solutions imaginées par les pays de l'espace euro-méditerranéen resteront sans effet en l'absence d'une réelle volonté de traiter le problème dans toute sa profondeur. Pour sa part, le Pr. Fouad Bouketta, de l'université d'Annaba, soulignant que l'émigration clandestine en mer méditerranée connaît une recrudescence «impressionnante», a rappelé, à ce propos, que l'année 2014 a été marquée par l'arrivée sur les côtes européennes de 274 000 migrants, contre 100 000 en 2013. Pour cet universitaire, le règlement de cette question reste tributaire des mesures que les Etats doivent prendre pour créer, dans leurs pays respectifs, les conditions d'une vie décente et épanouie, susceptible de renforcer dans les rangs des jeunes le sentiment d'appartenance à leur pays, à leur culture. Les participants ont aussi traité de l'aspect le plus dramatique de l'émigration clandestine, celui, en l'occurrence, de la disparition en mer de nombreux jeunes gens ayant tenté la «folle aventure».