Bras de fer n L'indépendantiste Carles Puigdemont, investi président de la Catalogne, région qu'il a promis de mener vers l'indépendance en 2017, va devoir former un cabinet dans les prochains jours. M. Puigdemont a salué hier soir son investiture par un «Vive la Catalogne libre!». Quelques minutes plus tôt, sa candidature de dernière minute à la présidence de la région avait obtenu au Parlement catalan 70 voix pour, 63 contre et deux abstentions. Il ne restait alors que deux heures avant l'expiration du délai dont disposaient les parlementaires pour désigner le président de l'exécutif régional. «Nous devons (...) lancer le processus pour créer un Etat indépendant en Catalogne, pour que les décisions du Parlement catalan soient souveraines», a déclaré M. Mas sous les applaudissements quelques heures avant le vote. La coalition qui a élu M. Puigdemont, et va des conservateurs à la gauche anticapitaliste, a prévu dans un premier temps de préparer les institutions nécessaires, comme un Trésor public ou une sécurité sociale autonomes. Au même moment, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a réitéré la ferme opposition de Madrid au projet des séparatistes catalans. «Le gouvernement ne laissera pas passer un seul acte qui suppose de porter atteinte à l'unité et à la souveraineté de l'Espagne», a prévenu M. Rajoy lors d'une allocution solennelle à Madrid, retransmise en direct quelques minutes avant le vote d'investiture du Parlement de Barcelone. M. Rajoy a indiqué qu'il était entré en contact avec le leader du Parti socialiste (PSOE), Pedro Sanchez, et avec le chef de Ciudadanos (centre droit), Albert Rivera, avec lesquels il tente une alliance qui défendrait l'unité de l'Espagne. Face à la rébellion de la plus riche région d'Espagne, le cabinet de M. Rajoy insiste sur la nécessité pour le «prochain gouvernement d'Espagne de compter sur une large base parlementaire qui garantisse la stabilité et la capacité (de) faire face au défi indépendantiste». Depuis le 27 septembre, les indépendantistes se déchiraient sur l'identité du futur président. Les plus à gauche, les dix députés de la Candidature d'unité populaire (CUP) refusaient obstinément d'investir le président sortant, Artur Mas, qu'ils jugeaient trop conservateur. Samedi, Artur Mas a finalement accepté de s'écarter pour ne pas porter atteinte au grand projet de son camp : mener la région vers l'indépendance en 2017 au plus tard, suivant le souhait de 47,8% des Catalans, et malgré l'opposition résolue de Madrid. A Madrid, «ils jubilaient ces dernières semaines en disant que la Catalogne s'enlisait. Depuis hier, ils sonnent de nouveau l'alarme», s'est réjoui hier dimanche Artur Mas devant les membres de son parti après l'annonce de la candidature de compromis de M. Puigdemont.