Paradoxe n La différence entre un chanteur de rue et une mère SDF avec un bébé de cinq mois, est que seul le chanteur de rue n'a pas le droit d'occuper l'espace public pour donner un peu de joie à Alger, la capitale qui ferme à 18h ! Elle s'appelle Houria. La quarantaine bien entamée, SDF, elle arpente les trottoirs du centre-ville d'El-Harrach la journée avant d'en choisir un coin isolé la nuit tombée, pour s'y installer en cette froide période d'hiver avec son bébé d'à peine cinq mois ! Elle n'a pourtant pas d'autorisation pour squatter ce trottoir Houria, mais, elle y vit, elle y rit avec son bébé, et y dort chaque soir. Contrairement au jeune artiste Mohamed Daha qui ne demande rien de plus que d'avoir la liberté d'apporter un peu de joie à cette capitale morose, Houria et son petit aimeraient bien pouvoir être expulsés, et emmenés loin de leur quotidien infernal. Il est 23h, en cette nuit de vendredi, le lendemain du jour ou le jeune chanteur de 29 ans a été embarqué. A peine le pont menant vers la rue d'Alger à El-Harrach entamé, Houria est là sur son trottoir, à droite, son bébé entre les bras, entassée sous plusieurs couvertures fournies par certaines âmes charitables. Il fait froid, pour un adulte, et plus froid encore quand on a à peine cinq mois. Mais là, personne pour l'embarquer, personne pour l'emmener loin de cet enfer glacial. Paradoxe, Houria fuit ce que revendique Mohamed. Elle veut qu'on la prive de ce trottoir. Qu'on ne l'encourage pas à y rester. Pour Moh Vita Boy, comme les algérois aiment à l'appeler, les choses semblent aller dans le bon sens. Nous apprenions hier dimanche que le maire d'Alger aurait donné son accord pour lui fournir une autorisation afin de faire ce qu'il aime par-dessus tout : chanter l'espoir. Un remède, selon lui, contre la «kounta» (sinistrose). Ainsi, dans une déclaration relayée par plusieurs médias, le président de l'APC d'Alger-Centre, Abdelhakim Bettache, affirme avoir contacté le jeune artiste qui a été arrêté. «J'ai contacté la personne concernée et je lui ai dit que je lui donnerai une autorisation pour que personne ne l'embête !». Sur sa page Facebook, le maire d'Alger-Centre a même invité tous les musiciens à se rapprocher de ses services pour qu'ils puissent leur délivrer des autorisations «dans le cadre des lois de la République». Abdelhakim Bettache voit dans la présence de ces artistes «une bonne chose» pour animer le centre-ville de la capitale. La nuit tombe sur El-Harrach, Houria et son bébé étaient, eux, encore sur leur bout de trottoir dans la soirée de dimanche à lundi. Sans autorisation, ils y sont tous les soirs et ce depuis plusieurs mois…