Afin de faire face à la chute drastique des revenus pétroliers, le gouvernement a opté pour le recours à l'emprunt obligataire avec un taux de 5 %. Le Premier ministre a été clair à ce sujet : «Nous écartons pour le moment le recours à l'endettement extérieur», tout en annonçant pour début avril l'adoption d'un nouveau modèle économique dont il n'a pas précisé les contours. L'Algérie traverse une situation économique «délicate et difficile», selon Abdelmalek Sellal. «Le prix du baril varie entre 30 et 35 dollars, il est inférieur à la référence du FRR (37 dollars). Pour le moment, on maîtrise les grands équilibres, mais il faut apporter des réformes. Après avoir assuré que le gouvernement «ne touchera pas aux acquis sociaux», M. Sellal a indiqué qu'un «nouveau modèle économique sera présenté et annoncé en avril prochain». Il a précisé que le nouveau modèle économique pour la période 2016-2019 «fait actuellement l'objet d'examen». «Cette nouvelle orientation nous permettra de mieux maîtriser et gérer la situation économique. Nous avons pris cette décision pour éviter de recourir dans l'immédiat à l'emprunt extérieur», a soutenu le Premier ministre. Des chefs d'entreprise, interrogés à propos par TSA, s'agissant de l'emprunt obligataire, se sont dit d'ores et déjà prêts à y contribuer. «On va participer à l'emprunt obligataire. En tant qu'investisseur algérien, je préfère un emprunt obligataire à 5% que d'aller à un emprunt extérieur», a affirmé, dans ce cadre, Ali Haddad, patron de l'ERTHB et président du FCE. Selon lui, le «problème du risque lié au taux de change est mortel pour l'investissement». «Vous pouvez emprunter à 10. Demain, il y aura une fluctuation, vous passez à 20 et vous ne pourrez jamais rembourser. Mais quand vous prenez un emprunt (national) avec un taux de remboursement précis, vous maîtrisez mieux les choses», a ajouté le patron du FCE. De son côté, Abderrahmane Benhamadi, patron de Condor, a assuré que son groupe est disposé à participer à l'emprunt. «Nous serons heureux de participer par patriotisme. On participera dans la limite du possible», a-t-il dit avant de prévenir : «Si l'emprunt obligataire est destiné à financer des projets en dinar, c'est une bonne chose. Mais s'il est destiné pour importer, ça ne sert à rien». Hassan Khelifati, PDG d'Alliance Assurances, est lui aussi disposé à participer puisqu'il s'agit d'un «investissement sûr». «Je pense que c'est une bonne chose pour mobiliser l'épargne nationale et l'utiliser pour l'investissement», avance-t-il. L'une des missions d'Alliance Assurances est «l'investissement institutionnel», selon lui. Plus prudent, Abdelouahab Rahim, propriétaire du groupe Dahli, il s'agit de «questions économiques qui doivent répondre à des règles économiques». « S'il y a un emprunt obligataire, c'est une bonne chose. C'est naturel et logique. Cela étant, il faut voir dans la pratique comment il sera lancé, pour combien de temps, si le titre est négociable ou pas maintenant, le succès de cet emprunt dépendra de ce qui va être demandé», conclut-il. RN/APS A propos de l'emprunt l L'emprunt obligataire est une forme de financement à l'attention d'un Etat, d'une banque, d'une entreprise ou d'une organisation gouvernementale. L'emprunteur émet des obligations que des investisseurs achètent. Un intérêt est versé périodiquement, tandis que le capital sera remboursé à une date prévue. Le recours à l'emprunt obligataire permet de se financer en dehors du circuit bancaire classique. Il est notamment utilisé lorsque les conditions octroyées par les banques sont difficiles à satisfaire. Un emprunt obligataire peut offrir une rémunération à taux fixe ou à taux variable. Etant donné que le capital ne sera remboursé qu'en fin de prêt, le taux d'intérêt s'applique sur la totalité de l'emprunt. Une tripartite début juin prochain l Une réunion de la tripartite se tiendra début juin prochain pour examiner plusieurs dossiers relatifs à la situation économique du pays, a annoncé, hier mercredi, Abdelmalek Sellal, qui a précisé dans une déclaration à la presse en marge de l'ouverture de la session de printemps de l'Assemblée populaire nationale (APN) précisant que cette réunion adoptera des décisions en faveur de la promotion de l'économie nationale».